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Nico Claux, le Vampire de Paris

Par hollowsoul · 18 juin 2025

Paris, années 1990. Le quartier latin bruisse de ses étudiants, de ses librairies anciennes, de ses ruelles où le passé flirte avec l’éternel. Mais derrière les façades haussmanniennes, une ombre se faufile. Une silhouette nocturne, pâle, hantée par les morts. Son nom : Nico Claux.
Un homme qui s’est autoproclamé vampire, mais dont la trajectoire, loin du mythe romantique, flirte dangereusement avec la folie et le crime.


Un visage parmi les vivants… et les morts

Nico Claux naît en 1972. Très jeune, il développe une fascination pour le macabre. Ce qui chez d’autres aurait pu rester une simple attirance pour l’étrange devient chez lui une obsession tenace : nécrophilie, cannibalisme, occultisme, collection de crânes… Il ne joue pas avec la mort, il s’en imprègne.

À la fin des années 1980, alors qu’il est à peine adulte, il s’immerge dans l’univers gothique et les lectures ésotériques. Son apparence choque : vêtements sombres, teint cadavérique, croix inversées. Mais ce n’est pas un déguisement. Il travaille dans une morgue, en tant qu’aide-soignant — et ce qu’il y fait dépasse la fiction.

Plus tard, il confessera avoir volé des fragments humains, bu du sang, profané des cadavres, s’étant senti « vivant » en côtoyant les morts. Le vampire était déjà là. Il portait une blouse blanche et un badge d’hôpital.


Le meurtre de Thierry Bissonnier

Le 4 novembre 1994, Paris bascule.

Un homme est retrouvé assassiné dans son appartement. Il s’agit de Thierry Bissonnier, abattu d’une balle dans la tête. Le crime, en apparence banal, sème le trouble : cambriolage ? Règlement de comptes ? Les enquêteurs ne tardent pas à suivre une piste bien plus obscure.

Quelques jours plus tard, la police arrête Nico Claux. Chez lui, elle découvre une véritable chambre des horreurs :

  • Des ossements humains, volés à la morgue ou exhumés de tombes
  • Des instruments chirurgicaux
  • Des fioles contenant du sang
  • Un autel dédié à la mort, aux cultes sataniques et au vampirisme

Lors de ses interrogatoires, Claux ne tente pas de fuir la vérité. Il la revendique. Il parle de son besoin de sang, de son attirance pour la chair morte, du plaisir presque mystique qu’il ressent en présence de cadavres. Il n’est pas fou, dit-il. Il est… différent.


Vampire, mais rationnel ?

En 1997, Claux est jugé et condamné à 12 ans de prison pour meurtre et profanation. Il plaide coupable sans grande émotion.

À travers ses lettres depuis sa cellule, puis lors d’interviews ultérieures, il cultive une ambiguïté troublante. Est-il un monstre lucide ? Un artiste maudit ? Ou un provocateur cynique, conscient du malaise qu’il inspire ?

Il avoue avoir mangé de la chair humaine. Il cite ses influences : Maniac, Cannibal Holocaust, les tueurs en série américains. Il ne cherche pas l’excuse. Il s’expose. Il fait de son crime une performance.


Une célébrité morbide

Libéré en 2002, Nico Claux devient une figure culte du monde underground. Il crée un blog, expose ses œuvres picturales inspirées par la mort et les serial killers, vend même des objets liés à ses crimes.

Certains voient en lui une icône sombre, un résidu de la contre-culture gothique des années 90. D’autres dénoncent une récupération commerciale du macabre. Claux, quant à lui, revendique une forme de rédemption artistique. Il dit ne plus être un vampire. Il reste pourtant entouré de ses démons, et les expose à qui veut bien les regarder.


Entre mythe et réel

L’affaire Claux fascine autant qu’elle dérange. Elle matérialise cette frontière incertaine entre la mort fantasmée et sa transgression réelle. Claux n’a pas tué par jalousie ou vengeance. Il a tué, semble-t-il, pour ressentir. Pour expérimenter la mort de l’intérieur.

Le vampire du XIXe siècle, aristocrate élégant, devient ici une figure urbaine et marginale. Pas de château gothique. Juste un appartement sombre, des outils médicaux détournés, et un pacte invisible signé avec la nuit.

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