Mary Bateman est née en 1768 à Asenby, dans le Yorkshire du Nord, dans une famille d’agriculteurs. Elle apprend à lire et à écrire et travaille comme servante à Thirsk, puis comme couturière à York. Elle s’enfuit à Leeds en 1789 après avoir participé à un cambriolage. Elle se marie en 1792 avec John Bateman, un charron, et commence à se faire connaître comme diseuse de bonne aventure et « femme sage ». Elle prétend avoir des pouvoirs surnaturels et vend des potions, des charmes et des remèdes à ses clients crédules. Elle commet aussi de nombreux vols et escroqueries, et parvient à échapper à la justice en soudoyant des témoins.

En 1806, elle rejoint les adeptes de la prophétesse Joanna Southcott et assiste à ses réunions. Elle monte alors une imposture connue sous le nom de La Poule prophète de Leeds : des œufs pondus par une poule portent l’inscription « Le Christ arrive », annonçant la fin des temps. En réalité, Mary Bateman écrit sur les œufs avec de l’encre et les réintroduit dans l’oviducte de la poule. Elle expose trois de ces œufs au public et fait payer un penny pour les voir.

La même année, elle est contactée par William et Rebecca Perigo, qui pensent être victimes d’un sortilège car Rebecca souffre de douleurs à la poitrine. Mary Bateman leur diagnostique une malédiction et leur propose de la lever moyennant une somme d’argent. Pendant plusieurs mois, elle leur donne du pudding empoisonné, censé les guérir. Rebecca mange régulièrement du gâteau, tandis que William n’en prend qu’une cuillère. L’état de Rebecca s’aggrave et elle meurt en mai 1808. William Perigo continue à payer Mary Bateman pendant deux ans, mais finit par se rendre compte que les « charmes » qu’elle lui a donnés sont sans effet. Il alerte les autorités et Mary Bateman est arrêtée lors d’un rendez-vous avec lui.

L’affaire Bateman suscite un grand intérêt et une forte curiosité. La presse relate les détails croustillants de la vie de Mary Bateman, qui est tour à tour présentée comme une victime, une manipulatrice, une nymphomane ou une folle. Son procès, qui s’ouvre en mars 1809 à York, est l’un des plus médiatisés de l’époque. Elle est défendue par maître Antony Aubin, qui plaide son innocence. Après trois jours d’audience, elle est reconnue coupable de fraude et de meurtre. Condamnée à mort, Mary Bateman tente d’éviter son exécution en prétendant qu’elle est enceinte, mais un examen médical réfute sa grossesse. Emprisonnée à la prison pour femmes de York, elle est finalement pendue aux côtés de deux hommes le 20 mars 1809.

Après son exécution, son corps est exposé au public. Des bandes de sa peau sont tannées et vendues comme des charmes magiques pour repousser les mauvais esprits. Son squelette est conservé au Musée Thrackray de Leeds jusqu’en 2015, date à laquelle il est restitué à l’Université de Leeds.