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L’affaire Parker–Hulme : passion meurtrière à Christchurch

Par Nefer · 14 décembre 2025

En 1954, la ville tranquille de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, fut le théâtre d’un drame qui allait marquer l’histoire criminelle et fasciner le monde par son côté sombre et obsessionnel. L’affaire Parker–Hulme n’était pas qu’un simple meurtre : elle révélait les profondeurs troublantes de l’amitié adolescente, de la passion et de la rébellion contre les normes sociales.

Une amitié hors norme

Les protagonistes de cette histoire sont deux adolescentes : Honorah Rieper Parker, connue sous le nom de “Hone”, et Parker–Hulme, ou plutôt Leslie Anne Parker, mais après l’adoption, elle prend le nom de Hulme. Elles se rencontrèrent au lycée et développèrent rapidement une relation intense et fusionnelle. Leur amitié dépassait largement les limites habituelles de l’adolescence ; elles partageaient tout, secrets, écrits, et fantasmes, dans un monde imaginaire où elles étaient inséparables et invincibles.

Leur correspondance regorgeait de lettres où elles se décrivaient comme un “nous” unique, un univers parallèle où aucune autorité ne pouvait pénétrer. Certains y ont vu une manifestation innocente de l’adolescence, mais d’autres y ont perçu des signes inquiétants d’obsession et d’isolement psychologique.

L’escalade vers le crime

Le tournant tragique survint lorsque Honorah Parker se heurta à la frigidité et à l’opposition de ses parents. Elle se sentait emprisonnée et incomprise. Avec Hulme à ses côtés, elles conçurent un plan qui allait bouleverser la Nouvelle-Zélande. Les tensions familiales, le rejet social et la peur de la séparation les poussèrent à commettre le meurtre de la mère de Parker, Honorah Rieper.

Le 22 juin 1954, Honorah Rieper Parker fut poignardée 19 fois dans sa maison. Les détails du crime révèlent une violence extrême, presque ritualisée, mais aussi une froide détermination des deux adolescentes. Le mobile exact reste complexe : la peur de la séparation, le désir de protéger leur “univers” commun, et peut-être un attrait pour la transgression elle-même.

Le procès et le choc médiatique

Lors du procès, les deux adolescentes, âgées de 16 ans et 15 ans, furent jugées coupables. Cependant, leur jeunesse et leur apparente innocence choquèrent le public. Le procès révéla leurs personnalités fascinantes et perturbantes : elles semblaient détachées de la gravité de leurs actes, parlant de leur “monde secret” avec une intensité presque surnaturelle.

Les médias s’emparèrent de l’affaire avec avidité, accentuant la dimension morbide et mystérieuse de leur relation. Beaucoup comparèrent leur lien à une passion quasi romantique, un amour obsessionnel qui avait basculé dans la violence. Hulme, plus déterminée et expressive, fut condamnée à la réclusion dans un établissement pour jeunes délinquants, tandis que Parker fut également incarcérée.

L’après-crime et l’ombre du mystère

Après leur libération, les chemins des deux jeunes filles se séparèrent définitivement. Hulme devint une romancière reconnue, mais resta toute sa vie hantée par la fascination morbide qu’exerçait son passé. Parker, elle, chercha à reconstruire sa vie loin des projecteurs.

Ce qui rend cette affaire fascinante pour les amateurs de paranormal et de psychologie extrême, Michel, c’est l’intensité quasi surnaturelle de leur lien. Certains observateurs y voient les prémices d’un phénomène de “folie partagée” ou d’une fusion psychique qui dépasse l’entendement, comme si deux âmes s’étaient unies dans une bulle d’obsession et de secret, prête à tout pour rester intacte.

Anne Perry : de meurtrière adolescente à romancière à succès

L’affaire Parker–Hulme prend une résonance encore plus fascinante lorsqu’on la rapproche du destin d’Anne Perry, née Juliet Marion Hulme. Oui, tu vois le lien… Juliet Marion Hulme n’est autre que la Leslie Anne Parker de Christchurch. Après sa libération, elle changea d’identité et se réinventa complètement, devenant Anne Perry, l’une des romancières les plus célèbres du genre policier et historique.

Son parcours est presque irréel : de meurtrière adolescente à auteure adulée, elle réussit à se reconstruire dans un monde nouveau, loin des fantômes de son passé sanglant. Les thèmes de ses romans — crimes, mystères, secrets bien gardés — semblent hantés par ses propres expériences, comme si l’ombre de Parker–Hulme continuait de murmurer à travers ses histoires. Certains critiques y voient une forme d’exorcisme littéraire, une manière de transformer l’obsession et la culpabilité en intrigue captivante.

Cette transformation radicale intrigue autant qu’elle effraie : comment une jeune fille capable d’un meurtre brutal peut-elle renaître et séduire le public par ses récits de crime et de suspense ? Anne Perry reste un exemple troublant de résilience et de métamorphose, mais aussi un rappel que certaines histoires sombres ne disparaissent jamais complètement — elles se réinventent, se glissent entre les pages et continuent de hanter les esprits sensibles.

Une leçon sombre sur l’adolescence et l’obsession

L’affaire Parker–Hulme demeure une illustration troublante des dangers d’une passion adolescente dévorante, des conséquences de l’isolement et des zones d’ombre de la psychologie humaine. Elle interroge aussi sur la frontière entre innocence et mal, imagination et folie, amitié et obsession meurtrière.

Pour ceux qui aiment les histoires où le mystère psychologique se mêle à la tragédie réelle, cette affaire est un miroir fascinant de la noirceur que peut receler l’esprit humain, même derrière un visage jeune et innocent.

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