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La disparition du SS Marine Sulphur Queen : un mystère en haute mer

Par hollowsoul · 6 juin 2025

Le 4 février 1963, un navire marchand américain, le SS Marine Sulphur Queen, s’évanouit dans l’océan Atlantique, au sud de la Floride. À son bord, 39 membres d’équipage. Aucune trace de l’équipage ne fut jamais retrouvée. L’affaire, bien que peu connue du grand public, reste l’un des plus troublants mystères maritimes du XXe siècle. Certains y voient l’effet du simple hasard ou de l’usure du temps ; d’autres, plus audacieux, y reconnaissent les griffes invisibles du légendaire Triangle des Bermudes.


Un navire modifié, une cargaison dangereuse

À l’origine, le Marine Sulphur Queen était un pétrolier de classe T2, construit en 1944 et utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1960, il fut converti pour transporter du soufre fondu, une matière hautement inflammable, maintenue à une température de plus de 120 °C grâce à d’énormes cuves chauffées. Cette transformation nécessita des modifications structurelles importantes, notamment la suppression de certaines cloisons transversales, cruciales pour la stabilité du navire.

Certains marins, ayant navigué à bord de ce géant devenu vulnérable, le surnommaient la « poubelle flottante ». Des incendies survenaient régulièrement près des cuves, les instruments de surveillance étaient défectueux, et les circuits électriques souffraient de pannes fréquentes provoquées par l’accumulation de soufre solidifié.


Dernier voyage

Le 2 février 1963, le Marine Sulphur Queen quitte le port de Beaumont, au Texas, avec à son bord une cargaison de plus de 15 000 tonnes de soufre fondu. Destination : Norfolk, en Virginie. Deux jours plus tard, un dernier message radio est transmis alors que le navire se trouve à environ 300 kilomètres au sud de la Floride, en mer agitée.

Puis, plus rien.

Quand la radio se tait pour de bon, l’alerte est donnée. Une vaste opération de recherche s’organise, impliquant des avions, des navires, et des hélicoptères. Quelques morceaux d’épave, des gilets de sauvetage et une bouée sont retrouvés flottant à la surface. Aucun corps. Aucun indice définitif. Rien qui ne puisse expliquer ce qui s’est réellement passé.


Hypothèses officielles et doutes persistants

Une commission d’enquête de la Garde côtière américaine conclut que le navire n’aurait jamais dû prendre la mer. Elle pointe du doigt l’état de délabrement avancé du bâtiment, les failles structurelles engendrées par sa conversion, et les conditions météorologiques difficiles du moment.

Plusieurs théories sont alors avancées : une explosion soudaine des cuves, une infiltration d’eau provoquant une violente réaction avec le soufre, ou encore la rupture de la coque fragilisée. Mais sans éléments matériels suffisants, aucun scénario ne peut être confirmé avec certitude.


Le Triangle des Bermudes, encore lui ?

Si l’on s’en tient aux coordonnées, la disparition du Marine Sulphur Queen s’est produite aux marges sud-ouest de la zone géographique communément appelée « Triangle des Bermudes », cette portion d’océan comprise entre la Floride, les Bermudes et Porto Rico, tristement célèbre pour les disparitions inexpliquées de navires et d’avions.

Bien que les autorités maritimes privilégient des causes purement techniques et météorologiques, la disparition du Marine Sulphur Queen a été abondamment citée dans les ouvrages consacrés à ce mystère marin. Le fait qu’aucun corps ni épave majeure n’ait été retrouvé n’a fait qu’alimenter les spéculations.


Une énigme toujours sans réponse

Plus de soixante ans après les faits, le Marine Sulphur Queen continue de faire l’objet de débats. Était-il condamné par une malfaçon négligée, ou victime d’un phénomène bien plus étrange ? Était-il au mauvais endroit au mauvais moment, ou a-t-il traversé une frontière invisible entre le réel et l’inconnu ?

Dans le silence de l’Atlantique, ce géant de fer repose peut-être par plusieurs milliers de mètres de fond, emportant avec lui ses secrets et les voix de ses marins. Et tant que son épave ne sera pas retrouvée, son histoire continuera de nourrir l’imaginaire collectif et les théories les plus troublantes.

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