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L’Histoire de Gozu : La Tête de Cheval

Il était une fois, dans une région reculée du Japon, un petit village entouré de montagnes sombres et de forêts profondes. Ce lieu isolé vivait sous la menace d’une ancienne légende : celle de Gozu, une créature maudite qui apparaissait lorsqu’on osait profaner un tabou sacré. Les habitants, superstitieux, évitaient de parler de cette légende, de peur d’attirer son attention.

Le Voyage Maudit

Un jour, un groupe de voyageurs passa par le village. Fatigués par une longue marche, ils cherchèrent refuge pour la nuit. Les villageois, inquiets, leur offrirent l’hospitalité, mais les supplièrent de respecter une règle : ne jamais mentionner Gozu et ne pas fouiller dans les affaires de l’auberge. Les voyageurs, intrigués par ce mystère, se mirent à échanger des hypothèses sur cette étrange interdiction.

Parmi eux, un jeune homme curieux trouva, dans une pièce délaissée de l’auberge, un ancien manuscrit couvert de poussière. Fasciné, il l’ouvrit, malgré les mises en garde des villageois. À l’intérieur, il découvrit un conte étrange et dérangeant, relatant l’histoire d’un homme condamné à devenir Gozu, un être hybride à la tête de cheval et au corps humain.

La Transformation Tragique

Le manuscrit racontait qu’il y a plusieurs siècles, un puissant seigneur de guerre avait fait un pacte avec des esprits démoniaques pour remporter une bataille cruciale. En échange de leur aide, il avait promis son humanité. Les esprits, fidèles à leur parole, lui donnèrent une force surhumaine, mais lorsqu’il remporta la guerre, ils prirent sa tête et la remplacèrent par celle d’un cheval, symbole de son asservissement éternel.

Rejeté par ses propres soldats et craint par ses ennemis, le seigneur devint une créature solitaire, condamné à errer entre les mondes. Son cri perçant et sa silhouette terrifiante inspiraient la folie à quiconque croisait son chemin. Selon la légende, quiconque entendait son histoire jusqu’à la fin était condamné à devenir le prochain hôte de l’esprit de Gozu.

Le Sort des Voyageurs

Le jeune homme, fasciné par ce récit, lut l’histoire jusqu’à son terme, sans se douter des conséquences. Ce soir-là, à l’auberge, d’étranges phénomènes commencèrent à se produire : des bruits de sabots résonnaient dans les couloirs, et une odeur de sang et de métal envahissait l’air. Les autres voyageurs, terrifiés, entendirent des cris inhumains provenant de la chambre du jeune homme.

Lorsqu’ils osèrent entrer, ils découvrirent une scène d’horreur : le jeune homme n’était plus là. À sa place, une créature monstrueuse, mi-homme mi-cheval, se tenait debout, les yeux injectés de sang. Elle poussa un hurlement déchirant avant de disparaître dans la nuit, laissant derrière elle une traînée de cendres et une peur indicible.

Le Tabou de Gozu

Les villageois, horrifiés par cet événement, décidèrent de bannir tout écrit ou souvenir lié à Gozu. Ils déclarèrent que quiconque tenterait de raconter cette histoire serait maudit et condamné à connaître le même sort que le jeune voyageur. Depuis, l’histoire de Gozu n’est plus qu’un murmure, un fragment de mémoire que personne n’ose évoquer en entier.


Analyse du Récit

L’histoire de Gozu joue sur plusieurs thèmes centraux du folklore japonais et des récits d’horreur en général :

  • Le Tabou : L’interdiction de parler ou d’évoquer un sujet renforce son aura de danger et de fascination.
  • Le Pacte Maudit : Le pacte avec des forces surnaturelles est un motif récurrent, souvent accompagné d’une punition pour ceux qui trahissent les lois naturelles.
  • La Malédiction de la Connaissance : La lecture complète de l’histoire symbolise le danger de s’aventurer trop loin dans des mystères que l’humanité n’est pas destinée à comprendre.

Pourquoi l’Histoire n’est Jamais Complète ?

Ce qui rend le mythe de Gozu particulièrement terrifiant, c’est son caractère fragmentaire. L’idée même qu’une histoire puisse provoquer la folie ou la mort lorsqu’elle est entendue dans sa totalité est un concept métanarratif fascinant. Ce tabou narratif oblige chaque conteur à laisser le récit inachevé, nourrissant ainsi une fascination morbide chez ceux qui tentent de reconstituer l’histoire.

En fin de compte, le mythe de Gozu rappelle que certaines histoires sont peut-être trop dangereuses pour être racontées – mais leur interdiction même les rend impossibles à oublier.

4o

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