Le 16 juin 2009, sur la plage de Rosses Point, près de Sligo en Irlande, le corps d’un homme est découvert par un couple de promeneurs. Aucun document d’identité, aucun téléphone, aucun objet permettant de savoir qui il était. Quelques jours plus tôt, il s’était enregistré au Sligo City Hotel sous le nom de « Peter Bergmann », donnant une adresse à Vienne, en Autriche… une adresse qui s’avérera fausse.
Dès le 12 juin, les caméras de vidéosurveillance le montrent arrivant à Sligo en bus depuis Derry, en Irlande du Nord. Il porte un grand sac violet, du genre utilisé dans les supermarchés, et une besace noire. Il semble méthodique, calme, presque calculé dans ses mouvements. Il paie tout en liquide, ne laisse aucune trace numérique, et surtout, il est vu quittant l’hôtel plusieurs fois avec ce même sac… pour revenir sans. Ce manège intrigue : Peter Bergmann se débarrasse visiblement de ses effets personnels, de manière discrète et dispersée.
Il achète aussi des timbres, des enveloppes, et du papier à lettres. A-t-il écrit à quelqu’un ? A-t-il tenté d’envoyer un message d’adieu ou de vérité ? Personne ne le saura jamais. Aucun courrier n’a été retrouvé.
Le 15 juin, il quitte l’hôtel une dernière fois. Il se rend à la station de bus, prend un ticket pour Rosses Point et marche en direction de la plage. Son corps est retrouvé le lendemain matin, étendu sur le sable, vêtu d’un t-shirt et d’un maillot de bain. Aucune trace de violence, aucune blessure suspecte. L’autopsie révèle cependant quelque chose d’étrange : l’homme souffrait de plusieurs cancers en phase terminale, notamment à la prostate et aux os. Il avait également de graves troubles cardiaques. Pourtant, aucun médicament, même de simple antidouleur, n’est détecté dans son organisme. Comme s’il avait volontairement choisi de souffrir.
Alors, qui était Peter Bergmann ? Pourquoi venir mourir anonymement dans une petite ville d’Irlande ? Pourquoi tant de précautions pour effacer son identité ? Était-il un ancien espion ? Un criminel repenti ? Ou tout simplement un homme accablé par la maladie qui voulait disparaître sans laisser de traces, ni de douleur à ses proches ?
Le mystère reste entier. Aucun indice tangible n’a permis de découvrir son vrai nom. Aucun signalement de disparition ne correspond à son profil. Peter Bergmann reste à ce jour l’un des plus grands mystères non résolus d’Irlande. Un fantôme moderne, qui a tout orchestré pour que l’on ne sache jamais qui il était… ni pourquoi il avait choisi cette fin-là.