Gilles de Rais, né en 1404 au château de Champtoce, près du Mans, est un personnage énigmatique de l’histoire médiévale. Issu de la noblesse française, il a joué un rôle de premier plan dans les événements de son époque, tant sur les champs de bataille que dans les sombres coulisses des enquêtes criminelles. Sa vie est marquée par des hauts et des bas, allant de la gloire militaire à des actes criminels horribles.
L’Enfance et la Carrière Militaire
Gilles de Rais est issu d’une famille noble, et il a hérité de vastes domaines et de richesses considérables. Son éducation était typique pour un jeune noble de l’époque, centrée sur l’équitation, la chasse et les compétences militaires. À l’âge de douze ans, il est devenu page au service du duc de Bretagne, un poste qui l’a exposé à l’art de la guerre.
Il est essentiel de noter que Gilles de Rais a servi aux côtés de Jeanne d’Arc pendant la Guerre de Cent Ans. Cependant, après la capture et l’exécution de Jeanne d’Arc en 1431, sa vie a pris un tournant sombre.
Les Crimes Atroces
Entre 1432 et 1440, Gilles de Rais est accusé d’avoir commis une série de meurtres d’enfants. Ses crimes étaient d’une nature particulièrement sordide, impliquant la torture, la perversion et le meurtre de jeunes garçons. L’ampleur de ses actes criminels est déconcertante, et la brutalité avec laquelle il a agi a laissé une marque indélébile sur l’histoire criminelle.
La nature exacte de ses crimes et ses motivations restent l’objet de débats. Certains historiens suggèrent qu’il a pu être victime de conspirations politiques visant à s’emparer de ses terres et de sa fortune, tandis que d’autres estiment que ses actes étaient réellement le fait d’un tueur en série. Il est difficile de distinguer la vérité de la légende dans son histoire, mais il est indéniable que ses crimes étaient horribles.
Le Procès et l’Exécution
Le procès de Gilles de Rais a été un événement majeur de l’époque. Il a été jugé par un tribunal ecclésiastique, et les charges retenues contre lui incluaient la sorcellerie, le meurtre et la sodomie. Après un procès controversé, il a été condamné à mort en octobre 1440.
Le 26 octobre de la même année, Gilles de Rais a été exécuté par pendaison. Après son exécution, son corps a été brûlé pour effacer toute trace de son existence. Cela a été fait pour dissiper les rumeurs de cultes sataniques qui l’entouraient.
Un Héritage Troublant
L’histoire de Gilles de Rais continue de fasciner et de choquer les gens de nos jours. Il est parfois considéré comme l’un des précurseurs des tueurs en série modernes, en raison de la nature systématique et cruelle de ses crimes. Pour d’autres, il représente un exemple des abus de pouvoir et de la violence commis par la noblesse médiévale.
En fin de compte, Gilles de Rais reste un personnage sombre et mystérieux de l’histoire française, dont les crimes ont laissé une empreinte durable sur la conscience collective. Son procès et son exécution continuent d’alimenter les débats sur la justice et la nature humaine à travers les siècles, rappelant que même les individus les plus éminents peuvent tomber dans les abysses de la criminalité.
La nature exacte de ses crimes et ses motivations ne sont pas dues au hasard.
Son imagination débordante, il la tient de ses lectures. Mais pas n’importe lesquelles ! De ses livres d’Histoire et, surtout, ceux sur l’Empire romain… « Cette idée diabolique me vint il y a huit ans, année où mourut le sire de Suze, mon parent. Me trouvant alors par hasard dans la bibliothèque de son château, je trouvai un livre latin sur la vie et les mœurs des empereurs romains, écrit par le savant historien Suétone. Ce dit livre était orné de gravures fort bien peintes, montrant les coutumes de ces princes païens. Je lus dans ce beau livre d’histoire que Tibère, Caligula et autres Césars, jouaient avec des enfants et prenaient un plaisir singulier à les martyriser. Là-dessus, je décidai d’imiter les dits Césars, et le même soir, je commençai à le faire en suivant les images reproduites dans le livre… », retranscrit l’historien Maurice Lever dans son livre « Les bûchers de Sodome » (Fayard, 1986).
Gilles de Rais est finalement condamné au bûcher. Il périt donc dans d’atroces souffrances, brûlé par les flammes le 26 octobre 1440 ? Hé bien non ! S’il est un violeur et un tueur d’enfants, son statut et ses faits d’armes lui ont permis d’être étranglé discrètement juste avant de monter sur le bûcher. Une faveur à laquelle Jeanne d’Arc n’a pas eu droit, elle.
On associe généralement Gilles de Rais au personnage de Barbe Bleue. Ce féroce seigneur qui tue ses épouses apparaît dans « les Contes de ma mère l’Oye » de Charles Perrault (1697). Quel rapport avec le maréchal qui a combattu avec Jeanne d’Arc ? Ils sont tous les deux assoiffés de sang, mais Gilles de Rais, lui, préfère les jeunes garçons. Les auteurs du XIXème siècle, comme Prosper Mérimée et Stendhal, ont contribué à façonner la légende. Aujourd’hui encore, Gilles de Rais est appelé Barbe Bleue sur ses terres bretonnes.
Max