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Le mystère du groupe d’Orlov en Transbaïkalie (1981)

Par hollowsoul · 19 septembre 2025

Une expédition ordinaire qui tourne au drame

L’hiver 1981, dans l’immensité glacée de la Transbaïkalie, quatre personnes s’engagent dans une aventure en apparence banale : une traversée de la taïga pour rejoindre leurs proches et célébrer le Nouvel An. Parmi eux, deux jeunes biologistes passionnés, Mikhail Orlov et Sergei Konkin, tous deux âgés de 25 ans, accompagnés d’un couple local, Igor Bakholdin et Tatyana Terekhova. Ces derniers connaissaient bien les sentiers forestiers et les rigueurs de la région, un atout précieux pour l’expédition. Leur objectif : rejoindre le village de Kyra, franchir une partie de la taïga, et retrouver leur enfant qui les attendait pour les fêtes.

Ce qui devait être une randonnée hivernale maîtrisée allait pourtant se transformer en énigme dramatique, rappelant d’autres affaires tragiques de l’ère soviétique, dont celle tristement célèbre du col Dyatlov.


Les derniers signes de vie

Le 24 décembre 1981, le groupe transmet son intention de partir vers les quartiers d’hiver de Byrkykht, en empruntant un chemin réputé sûr : seize kilomètres le long d’une piste de ski bien tracée. Rien ne laissait présager de difficultés majeures. Pourtant, à partir de ce jour, le silence tombe. Plus aucune communication, plus aucun signe de leur progression.

Quelques jours plus tard, devant leur absence prolongée, des recherches sont lancées. Les sauveteurs, aguerris aux conditions extrêmes de la Sibérie orientale, s’attendaient à rencontrer un groupe ralenti par la neige ou une tempête, mais certainement pas à ce qu’ils allaient découvrir.


La découverte macabre

Les corps sont retrouvés sur une pente enneigée, dans un tableau glaçant et incompréhensible. Leurs skis étaient enfoncés dans la neige, les sacs à dos éparpillés sans ordre apparent, et les dépouilles dispersées, comme si chacun avait fui dans une direction différente. Certains manquaient de vêtements essentiels à la survie : sans bonnet, sans manteau suffisant, mal équipés pour affronter la nuit sibérienne.

Plus troublant encore, les montres qu’ils portaient s’étaient arrêtées à des heures distinctes, donnant l’impression que chaque membre avait succombé séparément, dans un chaos silencieux. Cette scène déstabilisante évoquait moins un simple accident qu’une fuite désespérée, sans cause clairement identifiée.


Une piste abandonnée, un choix fatal

Les enquêteurs constatent rapidement une anomalie : les traces dans la neige montrent que le groupe avait abandonné la piste sécurisée pour emprunter un trajet beaucoup plus dangereux, en direction d’un terrain escarpé et boisé. Pourquoi ce choix ?

  • Ont-ils été poussés par une menace extérieure ?
  • Ont-ils pris une mauvaise décision sous l’effet de la fatigue ou d’une tempête soudaine ?
  • Ou bien quelque chose les a-t-il forcés à s’écarter de leur itinéraire initial ?

Ces questions demeurent sans réponse claire.


Hypothèses et zones d’ombre

La conclusion officielle retint la piste de l’hypothermie : le groupe se serait désorganisé face au froid extrême, pris de panique, et aurait perdu ses repères. Pourtant, cette explication laisse de nombreuses zones d’ombre :

  • Pourquoi des randonneurs expérimentés, dont deux connaissaient parfaitement la taïga, auraient-ils quitté volontairement un chemin sûr en pleine nuit glaciale ?
  • Comment expliquer l’état de semi-dénuement de certains, une caractéristique que l’on retrouve aussi dans d’autres affaires de disparition en milieu froid, où des victimes souffrant d’« effeuillage paradoxal » retirent leurs vêtements dans les derniers instants de l’hypothermie ?
  • Que dire de la dispersion des corps et des équipements, qui suggère une désorganisation brutale, presque comme si le groupe avait été surpris par un danger immédiat ?

Un mystère sibérien

Quarante ans plus tard, l’affaire du groupe d’Orlov reste marquée du sceau de l’inachevé. L’explication officielle apaise les archives, mais ne convainc ni les chercheurs, ni les passionnés de mystères. Tout comme l’affaire du col Dyatlov, ce drame illustre la fragilité de l’homme face à la nature sibérienne, mais laisse entrevoir aussi l’idée que certains secrets de la taïga ne peuvent être résolus par la simple logique.

Au cœur de la Transbaïkalie, la neige a recouvert depuis longtemps les traces de leur errance. Reste un récit figé, troublant, où quatre vies se sont éteintes dans une énigme que nul ne semble pouvoir totalement éclaircir.

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