Drame, mystère et hantise autour de l’Old Hospital on College Hill
Dominant la ville de Williamson, en Virginie-Occidentale, l’Old Hospital on College Hill est l’un de ces lieux où le passé semble refuser de mourir. Construit à la fin des années 1920 pour remplacer un ancien hôpital détruit par un incendie, le bâtiment fut pendant des décennies la dernière étape de milliers de vies. Après sa fermeture, il est devenu un de ces sites où les couloirs s’assombrissent d’histoires, de rumeurs et de présences.
Parmi les récits les plus troublants associés à l’endroit, l’un des plus persistants est celui du meurtre de William A. Farmer en 1929. Un drame d’apparence simple, presque banal dans une région minière violente, mais qui semble avoir laissé une empreinte d’une force inhabituelle.
I. Une région marquée par la violence
En février 1929, le comté de Pike, dans le Kentucky, est encore sous tension. Les mines, les conflits familiaux et les rivalités privées nourrissent une violence chronique. William A. Farmer, âgé de 28 ans, travaillait pour la Tierney Mining Company. C’était un homme comme tant d’autres de la région, partagé entre la rudesse du travail et les tensions sociales d’une époque tourmentée.
C’est dans ce contexte que sa vie bascula. Selon les récits transmis dans la presse locale de l’époque, William Farmer se rendit au domicile d’un collègue, Richard Tolbert, pour une confrontation liée à la femme de ce dernier. L’atmosphère était déjà explosive lorsqu’un premier coup de feu fut tiré, provenant de l’arme que Farmer avait en main. Les versions divergent sur ce qu’il advint ensuite, mais l’issue fut tragiquement nette : une lutte, un tir, et Farmer atteint au cou.
Gravement blessé, il fut transporté d’urgence au tout nouvel hôpital de Williamson.

II. Le premier homicide de l’année 1929
L’Old Hospital on College Hill venait d’ouvrir ses portes. Moderne pour son époque, il représentait un havre de soins au cœur d’une région isolée. Pourtant, ce 19 février 1929, le bâtiment devint le théâtre du premier homicide officiellement enregistré de l’année dans le comté.
William Farmer ne survécut pas à sa blessure.
Il mourut dans l’un des étages où l’on dit encore, aujourd’hui, que certains soirs, une présence semble attendre quelque chose ou quelqu’un.
Un détail intrigue encore les chercheurs : aucune trace d’un procès ou de poursuites contre Richard Tolbert n’a été retrouvée. Les articles mentionnaient une possible légitime défense, ce qui, dans le contexte social de l’époque, pouvait suffire à éteindre toute suite judiciaire.
Ce silence des archives est souvent interprété comme une faille, un manque, un espace où le doute s’installe.
III. Un hôpital devenu creuset de hantises
Après sa fermeture dans les années 1980, le bâtiment fut longtemps abandonné. Peu à peu, les récits commencèrent à s’accumuler.
Enquêtes nocturnes, témoignages de visiteurs, phénomènes enregistrés lors de sessions de spirit box ou de captations audio : l’Old Hospital on College Hill devint un lieu majeur du paranormal dans les Appalaches.
Parmi les manifestations les plus fréquemment rapportées :
1. Des voix et des murmures
Des visiteurs affirment entendre des chuchotements dans les anciens blocs de soins, souvent dans les mêmes zones que celles où furent traités les patients les plus gravement blessés.
2. L’apparition d’un homme silencieux
Les guides évoquent parfois une silhouette masculine, immobile, observant depuis les embrasures de portes. Une figure sans agressivité, mais lourde d’un sentiment d’inachevé.
3. Des réponses nominales
Lors de sessions instrumentales, plusieurs enquêteurs ont déclaré avoir capté un nom : Farmer.
Un mot soufflé, répété, glissé entre deux parasites sonores.
4. Des anomalies physiques
Chutes brutales de température, impressions d’être frôlé, sensation de présence derrière soi : autant de signes qui, pour certains, trahiraient un esprit incapable de quitter les lieux de son dernier souffle.
IV. L’ombre de William Farmer
Faut-il croire que William Farmer hante encore le vieil hôpital où il rendit son dernier soupir ?
Les faits, eux, se taisent.
Mais les expériences, les impressions et les répétitions inexpliquées composent un tissu narratif trop dense pour être ignoré.
Le profil du défunt correspond, d’ailleurs, à celui que l’on rencontre fréquemment dans la littérature paranormale :
- une mort soudaine
- une injustice perçue
- une affaire incomplète
- un lieu chargé émotionnellement
- un silence judiciaire qui laisse place à la frustration et au doute
Pour beaucoup, cela suffit à créer les conditions idéales d’un phénomène résiduel ou intelligent.
V. Un lieu, une mémoire, une fracture
Ce qui fascine dans l’affaire William Farmer, ce n’est pas seulement le meurtre lui-même, mais la trace qu’il a semblé graver dans un bâtiment où tant d’autres histoires se sont achevées.
Pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre ?
Pourquoi cet homme, parmi des centaines de vies brisées, serait-il celui que l’on nomme encore aujourd’hui dans les couloirs désertés ?
Peut-être parce que son histoire est incomplète.
Parce qu’un doute subsiste.
Parce qu’aucun récit officiel ne vient refermer proprement le dossier.
Dans les lieux hantés, le vide attire les récits comme un gouffre attire l’eau.
Conclusion
Le meurtre de William Farmer n’est peut-être qu’un drame de plus dans l’histoire violente des Appalaches. Ou peut-être est-ce l’un de ces instants où le destin bascule, laissant derrière lui une énergie persistante, un écho incapable de se dissiper.
L’Old Hospital on College Hill demeure un lieu de mémoire fissurée, un espace où les vivants croisent parfois ce qu’ils croient être les traces des morts.
Le visage de William Farmer, quant à lui, n’a laissé aucune photographie officielle.
Mais son nom, près d’un siècle plus tard, continue d’être murmuré dans un bâtiment où l’on dit que certains esprits n’ont jamais trouvé le repos.
