Il y a des affaires qui, même des décennies plus tard, continuent de faire vibrer cette corde sensible entre science et mystère. L’affaire des « Bigfoot Files » figure parmi ces rares moments où une institution gouvernementale américaine – carrée, sérieuse, souvent inflexible – s’est penchée sur l’un des mythes les plus tenaces de la cryptozoologie : Bigfoot.
Récemment remis en lumière grâce à la publication officielle du dossier sur le site du FBI, ces documents datent majoritairement des années 1970 et révèlent une enquête… pour le moins étonnante.
Quand Bigfoot frappe aux portes du gouvernement
Tout commence en 1976, lorsqu’un organisme indépendant, le Bigfoot Information Center and Exhibition, envoie au FBI des échantillons de poils supposément arrachés d’une créature inconnue. Les représentants du centre affirment qu’il pourrait s’agir d’une preuve rare, peut-être unique, de l’existence du légendaire géant poilu des forêts nord-américaines.
Dans un monde déjà bercé par l’engouement pour les phénomènes inexpliqués, la demande surprend suffisamment le FBI… pour que l’agence accepte d’examiner l’échantillon. Un geste assez audacieux, à une époque où la cryptozoologie restait encore largement tournée en dérision.
Le verdict scientifique : la déception dans les microscopes
L’analyse se veut minutieuse : examen microscopique, comparaison des écailles, structure, cuticule… Tout est passé au crible. Hélas (ou heureusement, selon l’imaginaire qu’on préfère), le résultat se révèle très ordinaire :
les poils n’appartiennent pas à un cryptide, mais à un cervidé.
Pas de géant velu dans les montagnes. Pas de preuve tangible d’une créature tapie entre ombres et sapins. Juste un animal banal, mal identifié ou présenté de façon trop enthousiaste.
Mais si cette conclusion ramène l’affaire du côté de la zoologie classique, elle ne retire rien à l’étrangeté fondamentale de cette démarche officielle.
https://vault.fbi.gov/bigfoot/Bigfoot%20Part%2001%20%28Final%29/view
Pourquoi le FBI s’en est-il mêlé ?
Au-delà du résultat, l’intérêt véritable de ces “Bigfoot Files” réside ailleurs :
dans le fait qu’un organisme aussi sérieux ait estimé utile de répondre à une requête venue de passionnés du paranormal.
Cela montre qu’à cette période, l’institution restait ouverte au doute, à la possibilité – même infime – que quelque chose échappe encore aux classifications scientifiques classiques. Le geste, même s’il aboutit à un banal cervidé, témoigne d’une époque où les frontières entre rationnel et imaginaire n’étaient pas aussi hermétiques qu’on le croit.
Bigfoot : mythe, légende… ou futur dossier rouvert ?
Pour les sceptiques, l’affaire est close. Pour les passionnés, elle reste un signe : si le FBI a enquêté une fois, pourquoi pas deux ? Pourquoi pas plus ?
Car Bigfoot n’est pas qu’une créature folklorique. C’est un symbole : celui du possible, de l’inclassable, de cette idée qu’au cœur des forêts insondables, quelque chose pourrait exister loin des regards.
