Share

La Peur Panique du XIXe Siècle : Enterré Vivant, un Cauchemar Réel ?

Par Nefer · 25 novembre 2025

Au XIXe siècle, la médecine était encore balbutiante – pas d’électrocardiogramme, pas de scanner cérébral, juste un stéthoscope et un miroir pour vérifier si le cœur battait ou si le souffle embuait le verre. Des maladies comme la catalepsie (un état de transe où le corps semble mort), le choléra ou même l’anesthésie naissante pouvaient plonger quelqu’un dans un coma si profond qu’on le déclarait mort trop vite. Résultat : une hystérie collective. Les journaux regorgeaient d’histoires sordides : des corps exhumés avec des ongles arrachés, des cheveux tirés, des linges déchirés à l’intérieur des cercueils. Edgar Allan Poe en a fait son cheval de bataille avec La Tombe Prématurée (1844), où il décrit un homme obsédé par l’idée d’être enterré vivant, et ça a amplifié la panique.

Des estimations alarmantes circulaient : un pasteur anglais, J.G. Ouseley, affirmait en 1895 que 2 700 personnes par an étaient enterrées vivantes en Angleterre et au Pays de Galles seuls. Un médecin français, Hyacinthe Le Guern, estimait en 1837 que quatre personnes par jour subissaient ce sort en France. Exagéré ? Peut-être, mais basé sur des cas réels et des autopsies qui révélaient des blessures auto-infligées dans les tombes. La peur était si grande que des gens demandaient à être enterrés avec des couteaux ou des cordes pour s’échapper !

Les Cercueils de Sécurité : Ingéniosité Face à l’Horrible

C’est là qu’entrent en scène les cercueils de sécurité (ou security coffins), une vague d’inventions brevetées au XVIIIe et surtout au XIXe siècle. Plus de 30 designs ont été patentés rien qu’en Allemagne entre 1850 et 1900 ! L’idée : équiper le cercueil d’un mécanisme pour signaler si l’occupant se réveillait. Pas de cloches au-dessus des tombes comme on l’entend souvent dans les légendes urbaines (c’était plus une corde attachée à une cloche à l’extérieur), mais des gadgets ingénieux :

  • La cloche classique : Une corde liée à la main ou au pied du « mort », reliée à une cloche ou une lanterne au-dessus de la tombe. Si le type tirait, ding-ding ! Un fossoyeur alerté venait creuser. Patenté en 1829 par le Dr Johann Gottfried Taberger, avec une échelle à l’intérieur pour grimper si besoin.
  • Le cercueil de Vester (1854) : Un tube carré qui sortait du sol comme une cheminée, avec une échelle dedans et une corde reliée à une cloche. Si tu te réveillais, tu grimpais ou tu tirais – et hop, sortie libre. Démontré en public : le mec s’enfouissait, sonnait l’alarme, et ressortait sous les applaudissements.
  • Le Karnice de Karnicki (1897) : Le plus sophistiqué, inventé par un chambellan du tsar russe. Une bille élastique sur la poitrine du corps : si le cœur battait, elle déclenchait une alarme, une lumière et un drapeau. Ajout d’un tube respiratoire et d’un miroir pour vérifier le souffle. Patenté en France et en Angleterre, il était censé être infaillible… mais jamais utilisé pour sauver quelqu’un.

D’autres idées folles : des cercueils avec des fenêtres en verre sur le visage (pour vérifier le souffle), des ressorts qui ouvraient le couvercle, ou même des cercueils en fer avec des leviers pour soulever le toit. En 1891, un Américain, George W. Parham, a breveté un système avec des cordes et des cloches multiples – « pour éviter les faux signaux », disait-il. Mais ironie du sort : aucun cas documenté où ces gadgets ont sauvé une vie. Soit ils déclenchaient des faux positifs (animaux, vent), soit ils rouillaient inutiles dans les tombes.

Des Cas Réels d’Enterrés Vivants : La Vérité Derrière l’Horreur

Et oui, il y a eu des cas réels – pas des milliers, mais assez pour alimenter la terreur. Voici quelques-uns vérifiés :

  • Angelo Hays (1937, France) : Un ado de 19 ans se tue à moto, déclaré mort par deux médecins. Enterré trois jours plus tard. Exhumé par sa famille (qui doutait), il était vivant ! Catalepsie due à un coma. Il a survécu, a écrit un livre (Pas Mort !), et est devenu une célébrité.
  • Mary Crawley (1896, Angleterre) : Une femme de 30 ans, en coma diabétique, enterrée prématurément. Exhumée après des cris entendus dans la tombe, elle était éveillée, couverte de sang de ses ongles brisés.
  • Rufina Cambaceres (1902, Argentine) : Une jeune fille de 19 ans, catalepsie, déclarée morte, enterrée. Exhumée par sa mère (qui a entendu des bruits), elle était vivante mais a fait une crise cardiaque et est morte pour de bon pendant le sauvetage. Sa tombe est un lieu de pèlerinage hanté à Buenos Aires.
  • Timon Vandamme (2014, Belgique) : Un homme de 30 ans, en état végétatif, déclaré mort par erreur à l’hôpital. Enterré vivant, exhumé après que sa famille a insisté pour une autopsie. Il a survécu, mais avec des séquelles graves.

Ces cas, souvent liés à des comas ou catalepsies, ont été documentés par des médecins comme le Dr Henry J. Garrigues, qui estimait en 1893 que « sur 200 enterrements, un est prématuré ». Poe et d’autres auteurs (comme Wilkie Collins dans The Woman in White) ont amplifié ça, mais la peur était réelle : épidémies de choléra forçaient des enterrements rapides pour éviter la contagion.

Aujourd’hui, avec les EEG, ECG et l’embolisation, c’est quasi impossible (et survivre à l’enterrement vivant ? Rare, mais possible si creusé vite). Mais l’idée hante encore –dans Buried (2010) avec Ryan Reynolds, ou les urban legends sur des cercueils qui sonnent seuls.

Vous pourriez aussi aimer