En 2016, une série d’événements troublants secoua l’ambassade américaine à Cuba. Plusieurs diplomates et membres de leurs familles commencèrent à présenter des symptômes étranges : migraines intenses, troubles de l’équilibre, pertes auditives, vertiges, difficultés cognitives, et une sensation de pression crânienne soudaine, parfois décrite comme « une onde invisible ». Cet ensemble d’affections, rapidement baptisé « syndrome de La Havane », allait devenir l’un des mystères les plus déroutants de ces dernières années, mêlant médecine, géopolitique et spéculations technologiques.
Les premières manifestations à Cuba
C’est à l’été 2016 que les premiers cas furent rapportés parmi les diplomates américains et canadiens basés à La Havane. Les patients décrivaient avoir perçu des bruits étranges, proches de vibrations aiguës ou de grésillements, souvent localisés dans une pièce précise. Peu après, ils développaient des symptômes neurologiques persistants.
Au total, plusieurs dizaines de personnes furent affectées, au point que Washington décida de rappeler une partie de son personnel diplomatique et d’expulser des diplomates cubains en guise de représailles.
Une affaire qui s’étend au-delà de Cuba
L’étrange syndrome ne tarda pas à franchir les frontières. Des cas similaires furent signalés en Chine, en Russie, en Allemagne, en Autriche, et même à Washington. Les personnes touchées appartenaient souvent au corps diplomatique, aux services de renseignement ou à des cercles gouvernementaux sensibles.
Le phénomène sembla donc cibler des individus occupant des postes stratégiques, renforçant l’hypothèse d’une attaque intentionnelle.
Les hypothèses avancées
Face à ce mystère, plusieurs thèses ont été avancées :
1. Une attaque par armes à micro-ondes
Certains chercheurs et responsables américains ont envisagé l’utilisation d’armes à énergie dirigée, notamment des micro-ondes pulsées, capables d’endommager les tissus cérébraux et auditifs sans laisser de traces physiques évidentes. Cette hypothèse expliquerait les bruits perçus et les symptômes neurologiques.
2. Un effet sonore ou acoustique
Une autre théorie évoque des ultrasons ou infrasons, possiblement générés par des dispositifs de surveillance défectueux ou par des armes soniques expérimentales. Mais aucune preuve matérielle n’a été trouvée.
3. Un phénomène psychogène collectif
Certains experts estiment que le syndrome pourrait relever d’un trouble psychosomatique induit par le stress et l’angoisse dans un contexte diplomatique tendu. La suggestion, la peur d’un danger invisible et la forte médiatisation pourraient avoir favorisé une contagion psychologique.
4. L’exposition à des substances toxiques
Des pesticides utilisés dans les hôtels et résidences officielles de La Havane furent également pointés du doigt. L’intoxication pourrait, en partie, reproduire les symptômes observés.
Les enquêtes officielles
Plusieurs agences américaines, dont le FBI, la CIA et le CDC, ont mené des enquêtes approfondies. En 2023, un rapport du renseignement américain a conclu qu’il était « très improbable » que le syndrome de La Havane résulte d’une attaque orchestrée par un adversaire étranger. Cette conclusion fut accueillie avec scepticisme par certains diplomates touchés, qui continuent de souffrir de séquelles durables.
Un mystère toujours non élucidé
Presque dix ans après les premiers cas, le syndrome de La Havane demeure une énigme. Si des explications rationnelles existent, aucune n’a permis de lever totalement le voile. La communauté médicale est partagée, et les gouvernements restent prudents face aux implications diplomatiques d’une possible « arme invisible ».
À ce jour, plusieurs centaines de cas ont été recensés dans le monde. Qu’il s’agisse d’une nouvelle forme d’agression technologique, d’un effet psychologique collectif ou d’un mélange de facteurs, le syndrome de La Havane symbolise les zones d’ombre où se croisent science, politique et peur de l’invisible.