Le 8 février 1828, le Mary Russell, un brigantin marchand, quitte le port de Cobh, en Irlande, avec une cargaison de mules à destination de la Barbade. Ce qui s’annonçait comme une traversée commerciale ordinaire s’est transformé en un épisode macabre de l’histoire maritime. Lorsque le navire est revenu à Cobh le 25 juin 1828, il a été découvert que le capitaine du navire avait brutalement assassiné sept de ses hommes d’équipage.

Construit en 1817, le Mary Russell était un petit brigantin en bois de 132 tonnes, mesurant environ 80 pieds de long. Le capitaine William Stewart, né à Cobh en 1775, dirigeait le navire avec son second, un Écossais nommé William Smith, et son second matelot, un Suédois nommé William Swanson. L’équipage comprenait également le charpentier du navire, John Cramer, les marins John Howes, Francis Sullivan et John Keating, ainsi que trois apprentis âgés de 12 à 15 ans.

Le voyage a pris une tournure tragique lorsque le capitaine Stewart, après un rêve, a commencé à suspecter une mutinerie menée par le capitaine James Gould Raynes, un passager qui avait été relevé de ses fonctions pour ivresse sur un autre navire. La paranoïa de Stewart a été exacerbée par le fait que Raynes parlait irlandais avec l’équipage. Stewart a alors ligoté les sept hommes, les immobilisant dans le salon principal du navire, avant de les tuer systématiquement avec une barre de fer et une hache.

Le procès de Stewart a eu lieu le dimanche 11 août 1828. Dans un cas inhabituel où l’accusation et la défense recherchaient le même verdict, Stewart a été jugé non coupable pour cause de démence. L’affaire a été largement oubliée jusqu’à la publication en 2010 du livre « The Ship of Seven Murders », qui détaille l’ensemble de l’affaire.

Cet événement tragique reste gravé dans l’histoire comme un rappel sombre des dangers et des pressions psychologiques auxquels les marins étaient confrontés lors des longues traversées en mer au XIXe siècle. Les meurtres du Mary Russell sont un témoignage de l’isolement et de la paranoïa qui peuvent naître dans les confins clos d’un navire, loin de toute aide ou intervention extérieure.