L’affaire Laetitia Toureaux est l’un des crimes les plus mystérieux et fascinants de l’histoire du métro parisien. Il s’agit du premier meurtre commis dans une rame de métro, sans témoin ni indice, et qui n’a jamais été élucidé.

Qui était Laetitia Toureaux ?

Laetitia Toureaux, née Laetitia Nourrissat le 11 septembre 1907 à Oyace, en Italie, est une jeune femme d’origine italienne, naturalisée française par son mariage avec Jules Toureaux, un potier en étain, mort de la tuberculose en 1935. Elle est ouvrière dans une usine de cirage à Saint-Ouen, mais elle mène aussi une double vie, entre espionnage, affaires amoureuses et milieux fascistes. Elle travaille sous un faux nom dans une agence de détectives privés, fréquente l’ambassade d’Italie, a des contacts avec la Cagoule, un groupe d’extrême droite, et a deux amants militaires sur des sites sensibles. Elle est décrite comme une femme séduisante, élégante et mystérieuse.

Comment s’est déroulé le crime ?

Le 16 mai 1937, un dimanche de Pentecôte, Laetitia Toureaux sort d’une guinguette de Joinville-le-Pont, où elle a passé l’après-midi avec des amis. Elle prend le métro à la station Porte de Charenton, sur la ligne 8, à 18h27. Elle monte dans un wagon de première classe, vide à cette heure et en ce jour férié. Une minute et quinze secondes plus tard, le métro arrive à la station Porte Dorée. Un médecin militaire, qui attend sur le quai avec ses filles, monte dans le même wagon que Laetitia Toureaux. Il la découvre écroulée sur son siège, un couteau à cran d’arrêt de type Laguiole planté dans le cou. Elle est encore vivante, mais ne peut pas parler. Elle meurt pendant son transfert à l’hôpital Saint-Antoine.

Quelles sont les hypothèses sur le meurtrier ?

Le crime de Laetitia Toureaux est un casse-tête pour la police. Comment le meurtrier a-t-il pu entrer et sortir du wagon sans être vu ? Comment a-t-il pu tuer sa victime sans faire de bruit ni laisser de trace ? Quel était son mobile ? Plusieurs hypothèses sont envisagées, mais aucune n’est confirmée.

  • L’hypothèse du crime passionnel : Laetitia Toureaux aurait été tuée par un de ses amants, jaloux ou déçu. Le meurtrier aurait suivi sa victime depuis la guinguette, et aurait profité du court trajet entre les deux stations pour la poignarder. Il aurait ensuite sauté du wagon en marche, ou se serait caché dans un autre compartiment. Cette hypothèse est appuyée par deux lettres anonymes, envoyées à la police en 1948 et en 1962, dans lesquelles deux hommes s’accusent du meurtre par amour. Cependant, ces lettres ne sont pas jugées crédibles, et aucun suspect n’est identifié.
  • L’hypothèse du crime politique : Laetitia Toureaux aurait été tuée par un agent des services secrets, français ou italien, à cause de son implication dans l’espionnage ou le fascisme. Le meurtrier aurait été un professionnel, capable de commettre un assassinat discret et efficace. Il aurait pu bénéficier de complicités, ou utiliser un stratagème pour échapper à la surveillance. Cette hypothèse est appuyée par le contexte historique, marqué par la montée des tensions en Europe, et par le profil trouble de la victime, liée à des organisations secrètes et subversives. Cependant, aucune preuve n’est apportée, et aucun mobile n’est clair.
  • L’hypothèse du crime aléatoire : Laetitia Toureaux aurait été tuée par un déséquilibré, un vagabond ou un voleur, sans raison particulière. Le meurtrier aurait agi par impulsivité, ou par opportunisme. Il aurait profité de la solitude de la victime, et de l’absence de témoins. Il aurait ensuite fui, ou se serait mêlé à la foule. Cette hypothèse est appuyée par la simplicité du scénario, et par l’absence de mobile apparent. Cependant, elle ne rend pas compte de la précision du geste, ni du choix de l’arme, qui n’est pas courante.

Quelles sont les conséquences de l’affaire ?

L’affaire Laetitia Toureaux est un échec pour la police, qui ne parvient pas à résoudre le mystère. Elle est aussi un choc pour l’opinion publique, qui découvre avec effroi qu’un meurtre peut avoir lieu dans le métro, symbole de la modernité et de la sécurité. Elle inspire de nombreux romans, films et émissions, qui tentent de reconstituer les faits ou d’imaginer des solutions. Elle reste aujourd’hui l’un des crimes les plus intrigants de l’histoire criminelle française.