L’UB-65, un sous-marin allemand de la première guerre mondiale, a été lancé en 1916, son service sera des plus sinistres…
Avant même son lancement, un accident a eu lieu sur le chantier. Une poutre d’acier est tombée d’une grue tuant un ouvrier, un second sera blessé. Il n’y a pas eu d’explication a ce curieux événement. Un peu plus tard, lors d’une test de batterie, des vapeurs mortelles se sont échappées tuant trois ingénieurs.
Malgré ces accidents, le sous-marin a été lancé. Son commandant était Martin Schelle, un militaire de 29 ans.
L’UB-65 a été envoyé en opération rapidement. Durant l’opération, le sous-marin fit surface en plein milieu d’une tempête, un des marins fut emporté par dessus-bord et fut tué sur le coup.
Peu de temps après, des ballastes ont fuie et l’UB-65 a commencé a remplir le navire, des batteries ont commencé à produire des vapeurs toxiques. Finalement, il n’y eu aucun mort mais le bâtiment resta douze heures au fond de l’océan…
De retour au port, les ingénieurs n’ont de nouveau pu trouver aucune explication aux dysfonctionnements. L’équipage commençait à sentir que son navire était maudit, et beaucoup ne voulaient plus servir sur l’UB-65. Il avait bientôt gagné le surnom de « cercueil de fer » au sein de la flotte de sous-marins allemands.
Le sous-marin repartit quand même. Une torpille explosa et tua le second officier et en blessa plusieurs autres. L’UB-65 repartie à quai. Avant de repartir, un marin raconta avoir vu l’officier qui était mort vers la proue de navire avant de disparaître.
Des marins ont vu après le départ plusieurs fois le marin. Au début, le commandant a rejeté les histoires de fantômes. Mais, ensuite il se retrouva face à face avec le mort lui-même. Le commandant commença à se dire que son bâtiment était maudit.
Le commandement accepta avec réticence de faire un exorcisme du bâtiment. Le rituel fut effectué dans un port en Belgique. Une fois la cérémonie terminée, l’équipage a été démantelé et affecté à d’autres navires de la flotte. Un nouvel équipage a été affecté à l’UB-65, et le commandant de bord a exigé qu’il ne soit plus question de fantômes.
Le fantôme continua toutefois à être vu par le nouvel équipage. juillet 1918, au large de la côte sud de l’Irlande, un sous-marin américain a aperçu UB-65. Avant que l’équipage américain ne puisse prendre quelque action que ce soit, le bateau allemand a mystérieusement explosé, apparemment tout seul.
Personne ne sait ce qui s’est passé et, malheureusement, rien n’expliquera les étranges phénomènes qui s’y sont déroulés…
Le fantastique de cette histoire dut-il en souffrir, le temps est néanmoins venu de rétablir la vérité historique autour de ce « fantôme » qui n’a jamais existé, une histoire rapportée dans Stranges stories, amazing facts ( Sélection du Reader’s Digest ) 1979 p. 352 et qui semble-t-il est à l’origine de sa propagation. Il faut dire qu’il y avait eu des précédents avant lui, la célèbre Mary Céleste pour ne citer qu’elle ou encore l’inépuisable « Triangle des Bermudes » en passant par l’U 31 et son équipage de cadavres…
Voici à présent ce que fut la véritable carrière du sous-marin UB 65, un sous-marin comme beaucoup d’autres…
L’UB 65 a été commandé sous le n° de construction 90 au chantier Vulkan de Hambourg le 20 Mai 1916, appartenant à une série de 6 unités portant les numéros UB 60 à UB 65. Lancé le 26.1.1917, il est entré en service dans la Marine Impériale le 18.8.1917. Apparemment, la période d’essais et d’entrainement de l’équipage se déroula sans qu’un quelconque incident majeur ne soit évoqué dans les archives. Le 30.9.1917, l’UB 65 était rattaché à la 5 U-Flottille et rejoignait Bremerhaven, une base navale à l’embouchure de la Weser d’où il appareillait le 10 pour sa première mission de guerre qui le conduisait dans le secteur des Iles Shetland et Hébrides. Il rentrait le 4.11 sans avoir enregistré de succès.
Après trois semaines d’immobilisation pour entretien et diverses mises au point, il reprenait la mer le 6.12 en direction du Canal St George en Mer d’Irlande, via le Pas de Calais. Cette croisière qui devait se terminer le 29.12 allait être la plus fructueuse avec la destruction d’un trois-mâts suédois, de deux vapeurs et du sloop Arbutus. Malgré un temps exécrable, il attaquait sans succès un convoi le 18.12 et subissait une contre attaque des escorteurs qui lançaient des grenades sous-marines provoquant la mise hors service de son périscope de veille. Dans ces conditions, l’UB 65 ne pouvait que rentrer à sa base pour se réparer.
En janvier 1918, il rejoignait sa nouvelle base opérationnelle dans l’ile de Heligoland. Le 2.2, il appareillait pour une nouvelle patrouille mais dans les parages de Horns Riff au large de la côte hollandaise, à la suite d’une fuite de carburant, il devait interrompre sa mission et se dirigeait sur Whilhelmshaven pour se faire réparer. Le 19.2, il reprenait la mer en direction de la Mer d’Irlande via le Nord de l’Écosse. et coulait un cargo norvégien. Retour le 15.3 à Heligoland où le 18.4 il était rattaché à la 2 U-Flottille.
Le 22.4, appareillage pour la 5e patrouille toujours à destination de la Mer d’Irlande. Retour le 19.5 après avoir coulé un trois-mâts danois et endommagé au canon 3 vapeurs, non sans avoir du subir en retour un grenadage sévère dont il se sortait pourtant sans avaries notables.
Le 2.7 il reprenait la mer en direction du Canal de Bristol. De cette mission, l’UB 65 ne devait jamais revenir. Quelques semaines plus tard, l’état-major de la flottille avait le regret de faire part de sa disparition.
Son premier et unique Commandant fut le Lieutenant-capitaine Martin SCHELLE, un officier de 29 ans qui après avoir effectué le cours de sous-marinier à Kiel de Déc.1915 à Avril 1916, naviguait au cours de cette formation sur le sous-marin UC 21 puis comme Commandant à bord du sous-marin école U 25. En Août 1916, alors qu’il venait d’être promu au grade de Lieutenant-capitaine, il recevait le commandement de l’UC 33 qu’il assumait jusqu’en Juin 1917, date à laquelle il prenait le commandement de l’UB 65 alors en achèvement pour le conserver jusqu’à sa fin.
Avec ce sous-marin, entre le 10.10.1917 et le 10.7.1918, il devait effectuer 6 missions de guerre au cours desquelles il allait couler 5 navires de commerce totalisant 6011 tonnes et le sloop HMS Arbutus, 1290 tonnes.
Dans un premier temps, l’UB 65 eut pour officier en second le lieutenant de vaisseau Adolf ECKOLDT qui sortait de l’École des sous-marins. Âgé de 25 ans, il resta à bord jusqu’en Avril 1918 puis fut muté comme Second à bord de l’U 94, ce qui allait lui sauver la vie. Sur ce nouveau bateau, il allait finir la guerre et quittait le service le 22.11.1919.
Son successeur fut le lieutenant de vaisseau Henry MÜNCHMEYER, un tout jeune officier de 21 ans qui sortait de l’École des sous-marins, formation suivie d’une expérience de 3 mois entre Janv. et Mars 1918 comme Second de l’UB 67 avant de rejoindre l’UB 65 en Avril 1918.
A la machine, le Lieutenant Ingénieur de réserve Fritz SCHNABEL, officier mécanicien, était d’un an l’ainé du Commandant SCHELLE. Son parcours l’avait conduit, après l’École des Sous-marins jusqu’en 10.1916, à bord de l’UC 57 qu’il avait quitté pour rejoindre l’UB 65 encore au chantier naval.
Avec ces 3 officiers, il y avait 34 hommes à bord lors du dernier appareillage. Aucun ne devait en revenir et si personne n’avait inventé une « fantomatique » carrière à ce sous-marin, on n’en aurait plus guère entendu parler tant son destin dramatique est hélas commun dans l’univers des U-Boot.
Sources : National Archives Washington, Records of the German Navy, Microfilm Publications T-1022, Roll 58, PG 61825 – Amiral Arno Spindler : Der Handelskrieg mit U-Booten, vol. 4 et 5
En août 2004 l’épave de l’UB 65 est découverte à 6 milles dans le N de Padstow sur un fond de 60 mètres par Innes Mc Cartney et son équipe et formellement identifiée par ses hélices tout comme par son armement. Selon sa description, l’épave est relativement bien conservée mais plusieurs panneaux sont ouverts, ce qui accréditerait l’idée que l’équipage a tenté de l’évacuer. Le bâtiment ne présente aucune trace d’explosion tant interne qu’externe. On est pratiquement certain désormais que le sous-marin pourrait être celui qui le 14 juillet a coulé au canon dans ces parages le Maria Jose, un pêcheur portugais mais les raisons pour lesquelles l’UB 65 a disparu resteront vraisemblablement à jamais ignorées. Tout au plus, les familles de l’équipage savent-elles désormais où repose leur ancêtre.
Voilà ce que fut réellement la carrière de l’UB 65.
Max