Il existe dans l’église de Santa Luciella ai Librai de Naples un mystérieux crâne qui semble posséder des oreilles…
Sous l’Église est enchâssé le célèbre crâne mystérieux à oreilles ; depuis le XVIIe siècle, les Napolitains viennent le prier. Ils espèrent qu’il emporterait leurs prières vers l’au-delà ; comme s’il s’agissait d’un messager entre le monde des vivants et le monde des morts.
Pendant des siècles, le crâne à oreille dans le sous-sol a été vénéré. Même si personne ne sait a qui appartient cette tête, les croyants pensent qu’il peut emmener les messages dans l’au-delà.
L’analyse a révélé que le crâne se compose du cerveau et des os nasaux. Il appartenait à un homme adulte qui souffrait d’hyperostose porotique, une affection qui provoque des tissus spongieux ou poreux sur le crâne, probablement le résultat de la malnutrition chronique. Il lui manque également une suture sagittale. D’après les datations au carbone 14, le crâne date entre 1631 et 1668. Naples a été frappée par une terrible épidémie de peste en 1656, il est donc possible qu’il ait été l’une de ses milliers de victimes.
Étonnamment, les « oreilles » n’étaient pas le produit d’un cartilage ossifié ou momifié de l’oreille. Au lieu de cela, ils ont été formés par la partie malpighienne de l’os temporal sur le côté de la tête ont été tournés de sorte que les bords incurvés pointaient vers l’extérieur.
Certaines légendes plus obscures racontent que ce crâne serait celui d’un vampire qui aurait été tué. Dans tous les cas, ce crâne reste une attraction locale.
Un peu d’histoire :
L’église de Santa Luciella ai Librai est un joyau d’architecture au cœur de Naples, rendu à nouveau accessible grâce aux efforts de l’association Respiriamo Arte. Elle est située dans la rue étroite du même nom, connue sous le nom de Vicus Cornelianus à l’époque romaine et qui relie San Biagio dei Librai à San Gregorio Armeno.
Fondée un peu avant 1327 par la volonté de Barthélemy de Capoue, conseiller de Charles II de Naples, elle est identifiée comme la chapelle des meuniers (Cappella dell’Arte dei Molinari) dans la « Veduta » d’Alessandro Baratta de 1628, qui représente la ville. Elle fut ensuite occupée par les « pipernieri », des artistes qui sculptaient des pierres précieuses et étaient dévoués à Sainte Lucie, protectrice de la vue – car ils devaient toujours faire attention à ce que les éclats ne blessent pas leurs yeux lorsqu’ils ciselaient les pierres.
En 1748, l’église est devenue le siège de l’archiconfrérie de l’Immaculée Conception, de Saint Joachim et de Charles Borromée, mais elle a ensuite été abandonnée pendant des décennies jusqu’à sa récente réouverture au public.
À l’intérieur, les visiteurs peuvent désormais admirer des emblèmes mariaux du XVIIIe siècle, des peintures et un merveilleux sol en majolique. Mais c’est sous terre, dans l’hypogée, qu’ils peuvent voir sa pièce la plus unique : le crâne avec des oreilles, un exemple rare de crâne avec des cartilages momifiés qui a fait naître le mythe selon lequel il pouvait écouter les prières et les rapporter dans l’au-delà. À ce jour, personne n’a découvert à qui appartenait ce crâne, ce qui ajoute au mystère : tout ce dont on est sûr, c’est qu’il date des années 1600. La légende de ce crâne particulier se mêle au culte des âmes « pezzentelle », ces personnes sans nom, abandonnées, qui n’ont pas eu de sépulture correcte, leurs restes mortels étant simplement oubliés dans des fosses communes. « Pezzentella » vient du verbe latin « petere », qui signifie « demander pour obtenir quelque chose », et en effet, en « adoptant » un crâne, les fidèles chrétiens croyaient pouvoir soulager une partie de la douleur de l’âme « pezzentelle », et recevoir des grâces en retour.
Adresse :
Église de Santa Luciella ai Librai
Vico Santa Luciella, 5
80138 Naples
A partir de 6.5 € par adulte et 120 € par groupe (jusqu’à 10)
Max