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La mystérieuse quatrième pyramide de Gizeh : mythe persistant ou vestige effacé de l’Histoire ?

Par Nefer · 29 décembre 2025

Le plateau de Gizeh, en Égypte, est sans doute l’un des lieux les plus étudiés, photographiés et commentés de l’histoire de l’humanité. Les trois grandes pyramides — Khéops, Khéphren et Mykérinos — forment un ensemble monumental qui semble immuable, figé dans une perfection presque surnaturelle. Pourtant, depuis des siècles, une question dérangeante revient avec insistance dans les récits anciens, les témoignages de voyageurs et certaines spéculations modernes : existerait-il — ou aurait-il existé — une quatrième pyramide à Gizeh ?

Cette hypothèse, longtemps reléguée au rang de folklore ou de fantaisie pseudo-archéologique, mérite pourtant un examen sérieux. Non pas pour affirmer son existence, mais pour comprendre pourquoi cette idée persiste avec une telle force dans l’imaginaire collectif.

Une anomalie dans un site pourtant surétudié

Gizeh est un site exceptionnellement documenté. Depuis l’Antiquité grecque jusqu’aux campagnes archéologiques modernes, chaque mètre carré du plateau a été scruté, cartographié, analysé. À première vue, l’idée qu’un monument aussi colossal qu’une pyramide ait pu disparaître sans laisser de traces semble absurde.

Et pourtant, l’archéologie n’est pas une science figée. Elle progresse au rythme des découvertes, des nouvelles technologies et des réinterprétations. Ce que l’on croyait impossible hier devient parfois évident demain. La question n’est donc pas tant : « Où est cette quatrième pyramide ? » mais plutôt : « D’où vient cette rumeur persistante ? »

Les témoignages anciens : confusion ou souvenir altéré ?

Plusieurs auteurs antiques évoquent des structures aujourd’hui disparues sur le plateau de Gizeh. Hérodote, Diodore de Sicile ou encore Strabon décrivent le site avec parfois des divergences notables par rapport à ce que nous observons aujourd’hui.

Certains récits mentionnent des pyramides secondaires, des monuments annexes ou des structures massives qui ne correspondent pas exactement aux vestiges connus. Il est probable que ces auteurs aient observé :

  • des pyramides satellites aujourd’hui ruinées,
  • des mastabas monumentaux,
  • ou des structures cultuelles aujourd’hui arasées.

Cependant, certains passages restent ambigus et ont nourri l’idée qu’un quatrième monument pyramidal, peut-être de taille plus modeste, ait existé puis disparu.

La pyramide cachée de Khéops ? Une interprétation controversée

Une théorie fréquemment évoquée concerne les pyramides dites « satellites » associées aux grandes pyramides royales. Khéops, notamment, possédait plusieurs structures annexes, souvent attribuées à des reines ou à des fonctions rituelles.

Pour certains chercheurs alternatifs, l’une de ces pyramides satellites aurait été mal identifiée, voire volontairement minimisée, afin de préserver le schéma classique des « trois pyramides ».

En réalité, l’archéologie officielle reconnaît bien l’existence de ces pyramides secondaires. Mais elles ne correspondent ni en taille ni en fonction à ce que l’on entend généralement par une « quatrième pyramide » comparable aux trois grandes.

Une pyramide détruite ?

Une autre hypothèse, plus radicale, avance qu’une pyramide aurait été démantelée dans l’Antiquité ou au Moyen Âge. L’argument n’est pas totalement infondé : de nombreuses structures égyptiennes ont servi de carrières de pierres pendant des siècles.

Le Caire médiéval s’est en grande partie construit à partir de matériaux antiques récupérés sur les sites environnants. Des temples entiers ont disparu ainsi. Théoriquement, une pyramide de taille modeste aurait pu être démontée jusqu’à disparaître presque entièrement.

Cependant, même dans ce cas, des fondations, des vestiges, des anomalies géologiques devraient subsister. Or, jusqu’à présent, aucune preuve archéologique solide n’est venue étayer cette hypothèse.

Les images satellites et les anomalies du plateau

À l’ère moderne, certaines spéculations se sont appuyées sur des images satellites, des relevés radar ou des analyses thermiques montrant des anomalies sous la surface du plateau de Gizeh. Ces données ont parfois été interprétées comme les traces d’une structure massive enfouie.

Il est essentiel de rester prudent. Les anomalies souterraines peuvent correspondre à :

  • des cavités naturelles,
  • des galeries funéraires,
  • des tunnels rituels,
  • ou des variations géologiques normales.

À ce jour, aucune mission officielle n’a confirmé l’existence d’un plan pyramidal enfoui correspondant à une quatrième pyramide.

Pourquoi cette idée fascine-t-elle autant ?

La force du mythe de la quatrième pyramide tient moins à des preuves qu’à ce qu’il symbolise. Les pyramides de Gizeh représentent déjà une énigme technologique, astronomique et symbolique. Imaginer qu’un élément fondamental nous échappe encore nourrit une forme de vertige intellectuel.

Cette hypothèse touche également à des thèmes récurrents :

  • la perte de connaissances anciennes,
  • l’idée d’une histoire officielle incomplète,
  • la possibilité que certaines vérités aient été effacées ou oubliées.

Dans ce contexte, la quatrième pyramide devient un symbole du savoir manquant, plus qu’un monument réel.

Entre mythe et science : où en est-on réellement ?

À l’heure actuelle, aucune preuve archéologique sérieuse ne permet d’affirmer l’existence d’une quatrième pyramide majeure à Gizeh. Les structures connues, les pyramides satellites et les vestiges environnants sont cohérents avec l’état actuel des connaissances.

Cependant, l’histoire montre que le plateau de Gizeh n’a pas encore livré tous ses secrets. Des découvertes récentes, comme les cavités internes de la pyramide de Khéops révélées par la muographie, rappellent que même les monuments les plus étudiés peuvent encore surprendre.

Conclusion : une énigme révélatrice de notre rapport au passé

La mystérieuse quatrième pyramide de Gizeh n’est probablement pas un monument oublié attendant d’être redécouvert. Elle est plutôt le reflet de notre fascination pour les zones d’ombre de l’Histoire, pour les silences des pierres et les marges de la connaissance officielle.

Entre interprétations erronées, ruines disparues et projections modernes, cette énigme nous rappelle une chose essentielle : le passé n’est jamais aussi figé qu’il n’y paraît.

Et parfois, ce que nous cherchons dans les sables d’Égypte, ce n’est pas une pyramide de plus… mais la certitude que tout n’a pas encore été compris.

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