Parmi les récits étranges qui circulent dans l’ombre du web et des forums d’horreur, celui-ci retient l’attention : une série de meurtres lors desquels des cartes à jouer classiques — marquées du simple mot « Alice » — auraient été laissées en guise de signature. Le symbole interpelle : pourquoi une carte, pourquoi ce nom ? La légende dégage un malaise qui va au-delà du fait divers : elle touche au jeu, au hasard, à l’identité. Cet article s’attache à présenter ce récit, à en analyser les zones d’ombre, et à proposer des pistes de lecture pour ce qu’il révèle de nos peurs et de nos croyances.
Le récit de la légende
Le cœur de la légende est simple mais frappant : un tueur (ou des tueurs) laisse sur la scène d’un crime une carte à jouer ordinaire — pique, cœur, trèfle ou carreau — mais sur laquelle, au lieu du motif classique, est inscrite ou griffonnée « Alice ». Le nom paraît écrit au sang, ou du moins d’une manière dramatique. Le symbole devient signe : l’identité « Alice » devient l’ultime message laissé à la victime ou à l’enquêteur.
Ce type de «carte de visite» (calling card) dans les récits criminels n’est pas inédit : certains tueurs laissent des objets, des symboles, des inscriptions mystérieuses pour sidérer ou signifier. Mais dans ce cas, la légende mêle cartes, inscription « Alice », meurtre et parfois atmosphère de conte inversé.
Selon les versions, le nombre de cartes peut varier, le lieu reste souvent indéterminé, et aucun dossier public fiable n’a été retrouvé pour confirmer l’affaire telle quelle.
Analyse des sources et de la vérification
Une enquête documentaire-légère a été menée : aucune archive judiciaire identifiée, aucun article de presse crédible ne mentionne explicitement « cartes classiques avec le mot Alice» comme signature d’un meurtre. Les traces existantes renvoient principalement à des récits de type «creepypasta» (fiction-hommage à l’horreur virale) plutôt qu’à des dossiers criminels établis.
Exemple : un wiki de fiction évoque un «Alice Killer» qui laisserait des cartes «Alice» à ses victimes. Cela montre que la légende circule — plutôt comme mythe contemporain que comme fait vérifié.
Ainsi : l’absence de documentation ne prouve pas que rien ne s’est passé, mais elle impose de classer ce récit dans la catégorie « légende urbaine à documenter ». Pour ton site, c’est l’occasion d’une présentation nuancée : « voici ce que l’on dit, voici ce que l’on sait/ne sait pas ».

Pourquoi cette légende fascine ?
- Le support « carte à jouer » : un objet ordinaire, banal, tiré du quotidien – transformé en instrument de terreur et de symbole. Le contraste entre “jeu” et “meurtre” crée un frisson.
- Le nom « Alice » : évoque l’innocence, le rêve, la chute dans l’imaginaire (on pense à la figure d’Alice dans Pays des Merveilles). L’inscrire sur une carte de mort renverse cette symbolique.
- L’effet « signature invisible » : un meurtre non élucidé, un message cryptique, un tueur qui joue avec le symbole. Cela nourrit l’imaginaire collectif et l’angoisse que “quelque chose de non-dit” rôde.
- Le flou des faits : absence de localisation précise, de noms, de dates. Le récit vit par retransmission, variation, amplification. C’est typique des légendes urbaines qui se nourrissent d’ombre.
Réflexions pour Mysterium Incognita
- Présenter ce récit comme un territoire entre crime et conte, et non comme un dossier froidement criminel confirmé.
- Inviter les lecteurs à réfléchir : quelle est la frontière entre « ce qui pourrait être vrai » et « ce qui est construit » ? Quel rôle joue l’objet-symbole (la carte) dans notre culture du mystère ?
- Proposer une investigation participative : solliciter témoignages, données locales, archives anciennes. Peut-être existe-t-il une version locale (à explorer dans les archives régionales).
- Souligner que même sans preuve formelle, la légende remplit une fonction : elle exprime nos peurs de l’inconnu, notre fascination pour le rituel macabre, et notre besoin d’objets tangibles (la carte) pour prendre peur.
Conclusion
La « l’affaire des cartes « Alice » » demeure une zone grise : ni factuelle au sens strict, ni totalement fictive — plutôt un récit liminal, entre rumeur, métaphore et plausible. Elle offre cependant un miroir puissant : celui de notre rapport aux objets, aux signes, et à la violence silencieuse. Sur Mysterium Incognita, elle peut être proposée non comme un dossier clos, mais comme une porte ouverte : avez-vous vu une « carte Alice » ? Connaissez-vous un fait joué de cette manière ? Le mystère demeure, et c’est là sa force.
