L’affaire Bobby Dunbar : L’enfant disparu et l’erreur d’identité du siècle

L’affaire Bobby Dunbar est l’un des mystères les plus fascinants et troublants de l’histoire américaine. Ce cas, qui a débuté par la disparition d’un jeune garçon en 1912, s’est transformé en une bataille judiciaire et identitaire qui a duré plusieurs décennies, soulevant des questions sur l’erreur d’identité et l’influence de la presse dans les affaires criminelles. Revenons sur cette énigme qui a défié les certitudes de plusieurs générations.
La disparition de Bobby Dunbar
Le 23 août 1912, le petit Bobby Dunbar, âgé de 4 ans, disparaît lors d’un voyage avec sa famille à Swayze Lake, en Louisiane. Les recherches sont immédiatement lancées : les marécages sont fouillés, des affiches sont distribuées, et une récompense est offerte. Les rumeurs de kidnapping se répandent rapidement et l’affaire capte l’attention du pays entier.
Après des mois de recherche infructueuse, un enfant correspondant à la description de Bobby est retrouvé en compagnie d’un homme nommé William Walters, un vagabond qui voyage avec le garçon dans le Mississippi. La police arrête Walters et ramène l’enfant en Louisiane.
Une identification controversée
Lorsque l’enfant est présenté à la famille Dunbar, un débat éclate. Certains membres de la famille sont convaincus qu’il s’agit bien de Bobby, tandis que d’autres expriment des doutes. La mère de Bobby, Lessie Dunbar, est d’abord hésitante avant de finalement l’identifier comme son fils.
De son côté, William Walters affirme que le garçon s’appelle en réalité Bruce Anderson et qu’il est le fils illégitime d’une femme nommée Julia Anderson, qui lui a confié temporairement la garde de l’enfant. Julia Anderson, convoquée par la justice, ne parvient pas à identifier immédiatement l’enfant comme étant son fils, mais elle maintient que c’est bien Bruce Anderson et non Bobby Dunbar. Cependant, son statut social défavorisé et le poids médiatique de l’affaire jouent contre elle, et l’enfant est confié définitivement aux Dunbar.
Le procès et l’emprisonnement de William Walters
Accusé d’enlèvement, William Walters est jugé en 1914. Malgré son insistance sur son innocence et les témoignages en sa faveur, il est reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité. Cependant, il ne purgera que deux ans avant d’être libéré sous pression populaire, beaucoup de personnes doutant de sa culpabilité.
Un secret de famille révélé par l’ADN
Pendant près d’un siècle, l’histoire de Bobby Dunbar est considérée comme un succès des forces de l’ordre et de la justice. Cependant, en 2004, une descendante de Bobby, Margaret Dunbar Cutright, entreprend des recherches généalogiques et convainc la famille de procéder à un test ADN.
Les résultats sont accablants : l’ADN de Bobby Dunbar ne correspond pas à celui des descendants de la famille Dunbar. Autrement dit, l’enfant récupéré en 1912 n’était pas Bobby Dunbar, mais très probablement Bruce Anderson.
Les implications et les questions sans réponse
Cette révélation a bouleversé l’histoire de la famille Dunbar et mis en lumière les erreurs judiciaires du passé. Plusieurs questions restent en suspens :
- Qu’est-il réellement arrivé au vrai Bobby Dunbar ? Son corps n’a jamais été retrouvé, et aucune preuve tangible de son sort n’existe.
- La presse et l’opinion publique ont-elles influencé la justice au point de condamner un innocent ?
- Pourquoi la famille Dunbar a-t-elle accepté un enfant qui n’était pas le leur ? Était-ce une erreur sincère ou un choix délibéré motivé par l’espoir de clore une affaire tragique ?
L’affaire Bobby Dunbar illustre à quel point les erreurs judiciaires et les certitudes familiales peuvent être remises en cause par la science et l’histoire. Ce cas rappelle également la puissance des médias dans la formation de l’opinion publique, un facteur qui continue d’influencer les affaires criminelles aujourd’hui.
L’histoire de Bobby Dunbar demeure ainsi un des plus grands mystères de la criminologie américaine, un mélange troublant de drame familial, de pression médiatique et de vérité longtemps dissimulée.