Les meurtres de la famille DeFoor en 1879 forment l’une de ces affaires criminelles macabres qui, bien qu’ayant eu lieu il y a plus de 140 ans, continuent de captiver et d’effrayer par leur brutalité et leur mystère. Ce drame s’est déroulé à Atlanta, en Géorgie, dans une Amérique encore marquée par la reconstruction après la guerre civile, un contexte social chargé de tensions et de changements profonds.
Le Contexte : Atlanta à la fin du XIXe siècle
À cette époque, Atlanta était une ville en plein essor. Après avoir été en grande partie détruite durant la guerre civile, la ville renaissait de ses cendres, attirant des investisseurs, des entrepreneurs, et de nouveaux habitants désireux de profiter de cette nouvelle opportunité économique. Cependant, comme beaucoup de villes en pleine expansion, elle n’était pas exempte de criminalité, et les conditions de vie restaient difficiles pour de nombreux habitants.
La famille DeFoor, un couple âgé du nom de Isaac et Martha DeFoor, vivait à l’extérieur de la ville, sur une ferme relativement isolée, mais prospère. Le couple avait économisé toute sa vie et était bien connu pour son honnêteté et sa frugalité. Ils ne faisaient confiance à personne pour garder leur argent à la banque, ce qui attira probablement l’attention de ceux cherchant à s’enrichir rapidement.
Le Découverte des Corps : Une Scène de Crime Horrifique
Le 25 juillet 1879, des voisins et amis du couple, inquiets de ne plus avoir de nouvelles d’Isaac et Martha, se rendirent à leur ferme. Ce qu’ils découvrirent dépasse l’imaginable. Le couple DeFoor avait été assassiné de manière brutale. Les rapports indiquent qu’ils avaient été battus à mort à l’aide d’une hache ou d’un instrument contondant similaire, un acte qui révèle non seulement une intention meurtrière mais également une fureur déchaînée. Leurs corps étaient en décomposition avancée, ce qui suggérait qu’ils avaient été tués plusieurs jours auparavant.
L’enquête révéla rapidement que le mobile du crime était le vol. En effet, une importante somme d’argent en or, que la famille gardait précieusement chez elle, avait disparu. Cependant, malgré les efforts des autorités locales, le ou les coupables ne furent pas immédiatement identifiés, ce qui fit naître des spéculations et des théories sur l’identité du ou des meurtriers.
Les Enquêtes : Entre Soupçons et Révélations
L’enquête se heurta à plusieurs obstacles. À cette époque, les techniques d’investigation étaient rudimentaires comparées à nos standards modernes. Les preuves matérielles manquaient, et la nature isolée de la ferme signifiait qu’il y avait peu de témoins directs. Néanmoins, les soupçons se portèrent rapidement sur un groupe d’hommes de la région qui étaient connus pour avoir eu des relations tendues avec le couple DeFoor. Il se disait que les DeFoor avaient récemment prêté une petite somme d’argent à l’un de ces hommes, qui aurait refusé de rembourser sa dette. Une altercation aurait éclaté, alimentant les soupçons de vengeance et d’avarice.
Cependant, faute de preuves solides, aucune arrestation immédiate ne fut effectuée. Les journaux de l’époque relayèrent l’affaire avec une fascination morbide, alimentant les rumeurs et les peurs parmi la population d’Atlanta et des environs. Le fait que des personnes respectées et âgées aient été massacrées chez elles, dans ce qui devait être un sanctuaire de sécurité, choqua profondément la communauté.
Un Scandale National : La Presse et l’Opinion Publique
Les meurtres des DeFoor attirèrent l’attention au-delà des frontières d’Atlanta. À une époque où les crimes violents étaient fréquemment relayés dans la presse populaire, l’affaire fut largement couverte par les journaux, tant locaux que nationaux. La brutalité du crime, combinée à l’image du couple âgé et vulnérable, attira l’intérêt des journalistes et du public, qui suivirent les rebondissements de l’affaire avec passion.
Certains journaux n’hésitèrent pas à spéculer sur des aspects plus sinistres, insinuant que la famille DeFoor aurait pu être victime de complots ou même de rites occultes. Toutefois, ces théories restèrent en grande partie infondées et relevaient davantage du sensationnalisme que de l’enquête rationnelle.
Arrestations et Procès
Après plusieurs mois d’enquête, une percée se produisit. Deux hommes, William Robinson et Henry Scoggins, furent arrêtés en lien avec le crime. Selon des témoignages recueillis par les enquêteurs, ces deux hommes avaient été aperçus dans les environs de la ferme peu avant les meurtres. D’autres témoins affirmèrent les avoir entendus parler de « faire un coup » dans les jours précédant le drame. Les preuves circonstancielles commencèrent à s’accumuler contre eux.
Robinson et Scoggins furent jugés pour les meurtres des DeFoor. Le procès, largement suivi par le public, fut marqué par des témoignages contradictoires et des spéculations incessantes. Finalement, Robinson fut reconnu coupable et condamné à mort. Il fut pendu en 1881, mettant fin à une saga judiciaire qui avait captivé l’attention de l’État et de la nation.
Le Mystère Persiste
Bien que le procès ait abouti à une condamnation, certains historiens et spécialistes du crime continuent de se demander si Robinson et Scoggins étaient réellement les seuls coupables. Des questions demeurent sur la réelle implication de Scoggins, qui fut acquitté, ainsi que sur l’éventualité que d’autres complices aient échappé à la justice. Le fait que l’argent volé n’ait jamais été retrouvé laisse également planer une ombre de doute sur la résolution complète de l’affaire.
Avec le temps, les meurtres de la famille DeFoor sont devenus une part sombre mais fascinante du folklore criminel d’Atlanta. Ils rappellent une époque où la violence pouvait frapper même dans les lieux les plus reculés et où la justice était souvent difficile à obtenir. Ce crime sanglant illustre à quel point, dans le Sud post-guerre civile, des tensions économiques et sociales pouvaient dégénérer en une tragédie d’une violence inouïe.
En conclusion, l’affaire DeFoor, bien que largement oubliée aujourd’hui en dehors des cercles d’historiens et d’amateurs de faits divers, reste un exemple frappant des dangers et des incertitudes qui entouraient la vie quotidienne à cette époque. Elle montre également comment les tragédies individuelles peuvent devenir des événements publics, suscitant fascination et terreur, bien longtemps après que les faits se soient déroulés.