Parmi les légendes politiques les plus troublantes de l’histoire américaine, celle de la malédiction de Tecumseh occupe une place à part. Cette croyance, à mi-chemin entre la prophétie et la vengeance, prétend qu’un sort aurait été jeté sur les présidents des États-Unis élus lors d’une année se terminant par zéro. Une série de morts tragiques semble lui donner un parfum d’étrange vérité.
La naissance d’une rancune
Tout commence au début du XIXe siècle. Tecumseh, chef shawnee charismatique et visionnaire, tente d’unifier les tribus autochtones contre l’expansion coloniale américaine. Soutenu un temps par les Britanniques, il mène une résistance acharnée pour protéger les terres ancestrales.
En 1811, son frère Tenskwatawa, connu comme le Prophète, affronte les troupes du futur président William Henry Harrison lors de la bataille de Tippecanoe. Les Amérindiens sont vaincus, leurs villages brûlés. Tecumseh, furieux, aurait alors prononcé une malédiction contre Harrison et ses successeurs.

Le présage : “Chaque président élu en année zéro mourra”
Selon la tradition orale, Tecumseh aurait promis qu’à partir de cette défaite, “chaque grand chef blanc élu lorsque Jupiter rejoint le signe du feu périra durant son mandat.”
Les mots semblent prophétiques : en 1840, Harrison est élu président… et meurt quelques mois plus tard d’une pneumonie. Le cycle venait de commencer.
Une série de morts troublantes
La malédiction, souvent appelée Curse of Tippecanoe, suit une régularité glaçante :
- 1840 – William Henry Harrison : meurt après un mois de présidence.
- 1860 – Abraham Lincoln : assassiné en 1865.
- 1880 – James A. Garfield : abattu quelques mois après son investiture.
- 1900 – William McKinley : assassiné en 1901.
- 1920 – Warren G. Harding : meurt subitement d’une crise cardiaque en 1923.
- 1940 – Franklin D. Roosevelt : décède en 1945, en cours de mandat.
- 1960 – John F. Kennedy : assassiné à Dallas en 1963.
À chaque cycle de vingt ans, un président élu en “année zéro” disparaît prématurément.
Les astrologues et les partisans du surnaturel y voient la main de Tecumseh, la vengeance d’un peuple trahi, ou même un pacte cosmique scellé lors de l’alignement des planètes.
L’étrange exception Reagan
En 1980, Ronald Reagan est élu président. En 1981, il est victime d’une tentative d’assassinat : une balle lui traverse la poitrine, manquant de peu son cœur. Il survit miraculeusement, brisant pour la première fois la série mortelle.
Certains ont affirmé que le charme avait été rompu, d’autres qu’il avait simplement été atténué par les rites de purification amérindiens effectués dans les années 1970 sur le site de Tippecanoe.
Mythe ou coïncidence ?
Les historiens rejettent l’idée d’une véritable malédiction. Les présidents meurent, disent-ils, pour des raisons politiques, médicales ou accidentelles. Pourtant, la régularité de ces morts intrigue. Sept présidents successifs, élus en “année zéro”, et tous frappés avant la fin de leur mandat… difficile d’y voir un simple hasard.
Pour les spiritualistes, Tecumseh n’aurait pas simplement lancé une malédiction : il aurait scellé un rappel karmique, une dette historique entre l’Amérique et ses premiers habitants.
Chaque mort présidentielle serait une manière pour l’Histoire de se souvenir que l’injustice, même enfouie, réclame toujours son écho.
Et si la malédiction de Tecumseh n’était pas un châtiment, mais un avertissement ?
Un avertissement que nul pouvoir ne reste impuni, et qu’au fond des plaines de l’Ohio, les esprits des nations oubliées murmurent encore leurs promesses de revanche.
