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Le restaurant des Huit Immortels : une tragédie sanglante à Macao

Par hollowsoul · 22 août 2025

Au cœur des années 1980, la ville de Macao, territoire alors encore portugais, fut le théâtre d’un drame qui, aujourd’hui encore, glace le sang. Derrière la façade banale d’un petit établissement de quartier, le restaurant des Huit Immortels (ou Patio dos Oito Imortais), s’est jouée l’une des affaires criminelles les plus atroces du XXe siècle en Chine du Sud.
Une histoire mêlant cupidité, folie meurtrière et atmosphère de cauchemar, qui allait hanter durablement l’imaginaire populaire.


Une famille prospère et respectée

Le restaurant était tenu par la famille Zheng Lin (ou Zheng Lin, parfois transcrit Ching Lin), bien connue du voisinage pour son hospitalité et sa réussite. Père, mère, enfants et proches travaillaient ensemble à maintenir la réputation de leur établissement, qui portait le nom des légendaires Huit Immortels du taoïsme, figures de longévité et de prospérité.
Mais sous cette image paisible se cachait une réalité beaucoup plus sombre : des dettes de jeu, une fortune familiale jalousée et l’œil attentif d’un homme prêt à tout pour s’en emparer.


L’homme de l’ombre : Huang Zhiheng

Le personnage central de ce drame est Huang Zhiheng (aussi connu sous le nom de Wong Chi Hang), un habitué du restaurant et joueur compulsif. Endetté jusqu’au cou, obsédé par l’argent des Zheng, il nourrit une rancune silencieuse. Son idée fixe : mettre la main sur la fortune familiale et prendre possession de leur commerce.

En 1985, il élabore un plan d’une cruauté inimaginable : non pas simplement voler, mais anéantir toute la famille pour s’approprier leur vie, leurs biens et leur restaurant.


Le massacre des Huit Immortels

La nuit du 4 août 1985, Huang passe à l’acte.
Armé et déterminé, il s’introduit dans la maison familiale attenante au restaurant. Ce qui suit dépasse l’entendement : huit membres de la famille Zheng, dont des enfants, sont assassinés les uns après les autres. La méthode varie selon les témoins et les rapports, mais l’horreur reste la même : massacre, strangulation, démembrement.
Les corps ne seront jamais retrouvés.

Huang ne se contente pas de tuer. Dans un geste d’une froideur absolue, il se débarrasse des cadavres en les découpant et en les dispersant, parfois dans les ordures, parfois dans les égouts. La rumeur populaire évoquera même l’idée qu’il aurait utilisé la viande humaine dans les plats du restaurant – une légende urbaine qui, bien qu’improbable, collera à jamais à cette affaire.


Le silence et les soupçons

Après la disparition soudaine de la famille Zheng, Huang Zhiheng prend possession du restaurant. Aux yeux des clients, rien ne semble étrange : le commerce continue de tourner, et l’assassin, impassible, s’installe peu à peu dans le rôle de nouveau propriétaire.
Mais certains voisins remarquent des anomalies : le changement brutal de gestion, l’absence prolongée des membres de la famille, et cette odeur âcre qui flotte parfois autour des cuisines.

Il faudra attendre plusieurs mois pour que les soupçons se cristallisent.


La découverte et l’arrestation

L’enquête s’oriente finalement vers Huang, qui ne parvient pas à dissimuler son crime indéfiniment. Des témoins le relient à la disparition, et les incohérences de son histoire précipitent sa chute.
En 1986, il est arrêté et jugé. Son procès, largement médiatisé, fait l’effet d’un électrochoc à Macao et au-delà.

Le verdict est sans appel : Huang Zhiheng est reconnu coupable de huit meurtres et condamné à mort. En 1989, il est exécuté, laissant derrière lui l’empreinte d’un monstre froid et méthodique, dont le nom reste associé à l’une des pires tragédies criminelles de la région.


Un restaurant hanté ?

Aujourd’hui encore, le lieu du crime est l’objet de rumeurs persistantes. Le bâtiment, transformé plusieurs fois, garde une réputation sinistre.
Certains habitants affirment que des bruits étranges résonnent la nuit : chuchotements, pleurs d’enfants, bruits de couteaux. D’autres parlent de visions de silhouettes pâles traversant la salle de restaurant, comme si les âmes des Zheng n’avaient jamais trouvé le repos.

À Macao, on chuchote qu’aucune entreprise n’ayant repris le site n’a jamais prospéré, comme si une malédiction entourait l’endroit.


Entre histoire criminelle et légende urbaine

L’affaire du restaurant des Huit Immortels illustre la frontière ténue entre réalité et mythe. D’un côté, un fait divers glaçant, documenté, avec son lot de preuves judiciaires. De l’autre, une légende noire amplifiée par les rumeurs de cannibalisme et de fantômes, qui nourrit encore aujourd’hui l’imaginaire collectif.

Plus qu’un simple meurtre de masse, ce drame est devenu une histoire spectrale, où la cupidité d’un homme a ouvert la porte à un héritage de terreur et de superstition.

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