Une découverte « extraterrestre » au cœur du territoire toltec
C’est une vidéo qui, en quelques heures, a embrasé les réseaux sociaux mexicains et bien au-delà. Tournée dans une zone semi-boisée à la périphérie de Tula de Allende, haut-lieu du patrimoine précolombien, elle montre ce qui semble être l’ouverture d’un petit sarcophage taillé dans la roche. À l’intérieur : une figurine humanoïde à la tête allongée, accompagnée de symboles « étranges », évoquant une créature venue d’ailleurs.
Certains internautes y voient immédiatement la « preuve ultime » que les anciens peuples du Mexique avaient eu des contacts avec des civilisations extraterrestres. D’autres, plus prudents, évoquent un canular. Mais très vite, les autorités archéologiques et les habitants vont mettre un terme à cette nouvelle fièvre ufologique.
Le contexte : Tula, berceau des Atlantes et fierté des peuples nahuas
Tula est connue pour être l’ancienne capitale des Toltèques, une civilisation pré-aztèque influente, mystérieuse, et encore entourée de nombreuses zones d’ombre. Le site archéologique est surtout célèbre pour ses impressionnantes statues d’Atlantes — ces colosses de pierre représentant des guerriers mythiques. Ils inspirent, fascinent, et alimentent depuis longtemps les fantasmes autour d’une technologie ancienne ou d’un savoir perdu.
Dans ce climat où se croisent légendes, syncrétismes et théories alternatives, l’apparition de soi-disant vestiges extraterrestres n’avait rien d’improbable. Mais cette fois, la supercherie semble difficilement niable.
Une supercherie rapidement dénoncée
L’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique (INAH) a rapidement réagi :
« Aucun vestige de ce type n’a été découvert ni authentifié par nos équipes. Les fouilles visibles sur la vidéo n’ont jamais été autorisées. »
Et pour cause : la prétendue découverte n’a pas eu lieu dans le site officiel, mais à La Malinche (ou La Mora), une zone boisée proche mais non rattachée à la zone archéologique protégée. Selon les artisans et les habitants locaux, ce sarcophage est une construction récente, taillée de façon artisanale dans de la pierre locale, avec une figurine qui ne correspond à aucun style préhispanique connu.
Le plus troublant ? Certains témoignages parlent de « mises en scène préparées », avec matériel de tournage et répétitions. En d’autres termes : une fabrication médiatique pensée pour devenir virale.
Des motivations multiples : croyance, manipulation ou marketing ?
Alors, pourquoi monter une telle supercherie ? Plusieurs hypothèses circulent :
- Attirer l’attention médiatique sur Tula et relancer le tourisme (en baisse depuis la pandémie).
- Capitaliser sur la mode OVNI, notamment après les affaires récentes des momies de Nazca au Pérou, dont l’authenticité a été largement contestée.
- Tester la crédulité du public et les ressorts du conspirationnisme.
- Ou tout simplement… jouer avec les frontières du vrai et du faux, dans une époque où les mythes circulent plus vite que les faits.
L’indignation des habitants et la défense du patrimoine
Les habitants de Tula, profondément attachés à leur héritage toltèque, ont exprimé leur colère :
« Ces faux artefacts sont une insulte à nos ancêtres. Ce n’est pas du folklore, c’est de la manipulation. »
Des plaintes auraient été déposées contre les auteurs de la vidéo, et l’INAH aurait ouvert une enquête pour dégradations illégales sur un site potentiellement protégé.
Ce n’est pas la première fois que des « artefacts » extraterrestres surgissent soudainement dans des zones à fort potentiel mythologique. Mais rarement une affaire aura aussi vite été démentie avec autant de fermeté.
Une question demeure : pourquoi croyons-nous encore aux faux dieux venus du ciel ?
À bien y regarder, cette affaire dépasse le simple canular. Elle soulève une question essentielle : pourquoi tant de gens veulent-ils croire à l’origine extraterrestre des anciennes civilisations ?
Est-ce par nostalgie d’un âge d’or perdu ? Par méfiance vis-à-vis des institutions scientifiques ? Ou par besoin de réenchanter un monde devenu trop rationnel, trop froid ?
Le fantasme des anciens astronautes repose sur une idée séduisante : et si nous n’avions jamais été seuls ?
Entre mythe et manipulation : un nouveau chapitre du paranormal moderne
Si cette affaire est avant tout un cas de désinformation localisée, elle s’inscrit dans une tendance plus vaste : celle de l’infodivertissement mystique, où l’image d’un sarcophage alien devient virale en quelques heures, sans vérification, sans recul, et sans souci de cohérence historique.
Mais cette vitesse de diffusion n’efface pas les racines plus profondes : le besoin de croire, de douter, de s’interroger. Ce n’est pas la vérité qui compte pour certains, c’est la possibilité que « ça pourrait être vrai ».
Conclusion : l’ombre d’un doute
À Tula, il n’y avait pas d’artefacts venus des étoiles. Mais il y avait autre chose : le reflet d’un monde où l’imaginaire se confronte au réel, où les vestiges anciens deviennent les écrans de nos obsessions modernes.
Pour Mysterium Incognita, ce dossier n’est pas clos. Car il pose une question fondamentale : à l’ère du faux, peut-on encore toucher le vrai ? Ou sommes-nous condamnés à chercher des aliens là où il n’y avait que des hommes ?