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Norman Baker, le faux médecin du diable : autopsie d’un charlatan meurtrier

Par hollowsoul · 1 juillet 2025

Derrière les murs du Crescent Hotel, on murmure encore le nom de Norman Baker. Un homme sans diplôme, sans scrupule, et sans remords, qui transforma un palace victorien en hôpital de la mort. Ce n’était ni un médecin, ni un guérisseur. Juste un manipulateur, maître dans l’art de la mise en scène… et peut-être, le catalyseur d’une des hantises les plus persistantes d’Amérique.


Un vendeur d’illusions devenu “docteur”

Norman G. Baker naît en 1882 à Muscatine, Iowa. Rien ne le destinait à devenir un guérisseur. Il est d’abord un inventeur autodidacte, un orateur habile, un animateur de radio flamboyant. Sa station, KTNT — « Know The Naked Truth » — diffuse dès les années 1920 des discours populistes, virulents contre les médecins, les hôpitaux, les vaccins, et les institutions médicales. Il dénonce ce qu’il considère comme l’arnaque de la médecine moderne… tout en préparant la sienne.

Baker ne possède aucune formation médicale. Pourtant, il prétend avoir découvert un traitement révolutionnaire contre le cancer. Il affirme que son « élixir miracle », à base de plantes, d’eau de melon d’eau, d’huile de ricin et d’alcool, peut guérir sans chirurgie, sans douleur et sans risques. À cette époque, les traitements contre le cancer sont brutaux et peu efficaces, ce qui rend son discours encore plus séduisant pour les malades désespérés.


L’achat du Crescent Hotel : le piège se referme

En 1937, Norman Baker acquiert le Crescent Hotel à Eureka Springs, Arkansas. Ancien établissement thermal reconverti plusieurs fois, l’hôtel est alors vide, presque oublié. Il le transforme en sanatorium alternatif, promettant aux patients en phase terminale une seconde chance.

Le décor est soigneusement orchestré : des uniformes blancs, des instruments pseudo-médicaux, des consultations théâtrales. Tout respire l’ordre, la propreté, et la confiance. En réalité, aucune opération, aucun soin curatif, aucune amélioration de santé. Baker administre son élixir, souvent à fortes doses, et attend. Les patients, eux, souffrent, déclinent, et meurent. Dans l’indifférence.

Le sous-sol du Crescent est réaménagé en morgue improvisée. Des corps y sont stockés. D’autres sont disséqués. Certains témoignages parlent de restes humains conservés dans des bocaux, d’organes, de fœtus, de tumeurs flottant dans le formol. Le médecin se dit “chercheur”, “pionnier”… mais ne publie jamais rien. Il exploite la mort comme une industrie.


Une morgue redécouverte en 2019

En 2019, des travaux réalisés sur le terrain du Crescent Hotel révèlent une fosse contenant plus de 400 spécimens humains dans des bocaux : organes, tissus, fragments osseux. Certains portaient encore les étiquettes manuscrites de l’époque Baker. Ces découvertes confirment, 80 ans plus tard, que le mythe était fondé. Que les morts du sanatorium ne reposaient pas tous en paix.


Jugé, mais pas pour ce que l’on croit

Le plus étonnant dans cette affaire, c’est la façon dont la justice a fini par l’atteindre. Baker n’a jamais été condamné pour meurtre. C’est finalement pour fraude postale qu’il est arrêté en 1940. En utilisant le courrier pour vanter ses traitements et attirer les malades, il avait violé plusieurs lois fédérales. Il passe quatre ans en prison, sort en 1944, et disparaît peu à peu de la scène publique. Il meurt en 1958, dans l’indifférence.

Mais son héritage, lui, ne s’éteint pas.


Et si l’hôtel se souvenait ?

Depuis la fermeture du sanatorium, le Crescent Hotel est devenu célèbre pour son activité paranormale. Il est même surnommé « l’hôtel le plus hanté d’Amérique ». Les phénomènes sont nombreux : apparitions dans les miroirs, bruits de pas, rires, pleurs, et objets déplacés. Plusieurs chambres — notamment la 218, la 202, la 419… et la 208 — sont réputées pour concentrer ces manifestations.

Certains médiums affirment que l’esprit de Norman Baker rôde encore dans les couloirs, vêtu de blanc ou de violet, observant froidement ceux qui osent s’approcher de son ancien domaine. Il ne serait pas tourmenté… mais présent. Comme s’il n’avait jamais quitté les lieux. Comme si le Crescent était sa dernière clinique, son royaume, son purgatoire.


Entre science et supercherie, l’écho d’un homme dangereux

Norman Baker ne fut pas un scientifique. Il ne fut même pas un escroc banal. Il incarne un archétype plus ancien, plus inquiétant : celui du faux prophète médical, convaincu de son génie, prêt à manipuler les esprits, les corps, et les vies pour nourrir son propre culte.

Le Crescent Hotel n’est pas simplement hanté par des âmes errantes. Il est hanté par une époque, par une trahison collective, par un homme qui a su inspirer la foi… et semer la mort.

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