Le Supplice de Sylvia Likens : Un Crime d’une Barbarie Inouïe
Parmi les affaires criminelles les plus sordides de l’histoire des États-Unis, celle du meurtre de Sylvia Likens demeure l’une des plus révoltantes. Cette tragédie, survenue en 1965 dans l’État de l’Indiana, dépasse l’entendement tant par la cruauté des tortures infligées à la jeune fille que par la complicité passive de son entourage. Ce crime n’est pas seulement l’œuvre d’une seule personne, mais celle d’un groupe, révélant ainsi les pires aspects de la nature humaine.
Qui était Sylvia Likens ?
Née le 3 janvier 1949 à Lebanon, dans l’Indiana, Sylvia Marie Likens était la troisième d’une fratrie de cinq enfants. Ses parents, des forains vivant dans une grande précarité, avaient souvent du mal à subvenir aux besoins de leur famille. Sylvia et sa sœur Jenny, atteinte de poliomyélite, furent régulièrement confiées à des proches ou des familles d’accueil lorsque leurs parents partaient en tournée.
À l’été 1965, les parents de Sylvia firent une erreur tragique : ils laissèrent leurs deux filles sous la garde de Gertrude Baniszewski, une femme apparemment respectable, mère de sept enfants, en échange d’un modeste loyer de 20 dollars par semaine. Ils étaient loin d’imaginer qu’ils venaient de livrer leur fille à un véritable enfer.
Gertrude Baniszewski : Un Monstre sous Apparence Banale
Gertrude Baniszewski, alors âgée de 37 ans, était une femme fragile et appauvrie, souffrant de multiples problèmes de santé et vivant seule avec sa progéniture. Son comportement oscillait entre la négligence et la maltraitance envers ses propres enfants, mais ce fut avec Sylvia que son sadisme atteignit son paroxysme.
Dès le départ, Sylvia subit des brimades injustifiées de la part de Gertrude. Tout commença lorsqu’un paiement de ses parents fut en retard : la femme, furieuse, accusa Sylvia et Jenny d’être des fardeaux inutiles. Rapidement, elle concentra toute sa rage sur Sylvia, l’accusant d’être une fille « immorale » et « perverse ».
Gertrude encouragea ses enfants et plusieurs adolescents du quartier à humilier, torturer et martyriser la jeune fille. Ces sévices prirent une ampleur hallucinante, dépassant la simple maltraitance pour devenir un véritable supplice collectif.
Un Martyre Long et Inimaginable
Pendant trois mois, Sylvia subit des violences d’une cruauté inouïe :
- Elle fut régulièrement battue à coups de ceinturon, brûlée avec des cigarettes et affamée.
- Forcée à ingérer des substances immondes, notamment ses propres excréments et son urine.
- Obligée de se déshabiller devant des garçons et humiliée sexuellement.
- Attachée dans le sous-sol sans nourriture ni eau, livrée à l’obscurité et au froid.
- Son corps fut mutilé : Gertrude lui grava au fer rouge les mots « I’m a prostitute and proud of it » (« Je suis une prostituée et fière de l’être ») sur l’abdomen.
Plus terrifiant encore, ces actes ne furent pas commis dans le secret. Les enfants Baniszewski, ainsi que des adolescents du voisinage, participèrent activement à ce calvaire, parfois par plaisir sadique, parfois sous la pression de l’autorité de Gertrude.
Jenny, la sœur de Sylvia, fut témoin de ces atrocités, mais menacée par Gertrude, elle ne put intervenir. La peur la réduisit au silence.
Le Meurtre et la Découverte du Crime
Le 25 octobre 1965, Sylvia, épuisée, affamée et couverte de blessures, tenta une dernière fois de s’échapper, mais son corps trop affaibli ne lui permit pas d’aller bien loin. Le lendemain, après un ultime passage à tabac, elle perdit connaissance et ne se réveilla plus. Gertrude, paniquée, appela la police en prétextant que la jeune fille s’était enfuie puis était revenue en piteux état.
Mais face à l’évidence des sévices, Jenny, en état de choc, osa enfin parler. Elle murmura aux policiers : « Sortez-moi d’ici et je vous raconterai tout. »
Les enquêteurs découvrirent alors l’horreur absolue. Le corps de Sylvia était si meurtri qu’il était difficilement reconnaissable. Son autopsie révéla un catalogue de tortures inimaginables, et son décès fut attribué à une hémorragie cérébrale causée par les coups, une malnutrition extrême et un état de choc avancé.
Le Procès et les Condamnations
L’affaire fit grand bruit, et le procès, en 1966, souleva l’indignation du public. Gertrude Baniszewski, considérée comme l’instigatrice principale, fut condamnée à la réclusion à perpétuité. Cependant, en raison d’un système judiciaire permissif, elle fut libérée en 1985 pour bonne conduite après seulement 20 ans de prison.
Paula Baniszewski, sa fille aînée, enceinte au moment des faits et ayant participé activement aux tortures, fut condamnée à la réclusion à perpétuité, mais libérée après quelques années.
John Baniszewski Jr., ainsi que les adolescents complices, furent condamnés à des peines plus légères, certains n’effectuant que quelques années derrière les barreaux.
L’horreur de cette affaire souleva de nombreuses interrogations sur la capacité de la société à prévenir de telles atrocités. Comment autant de personnes avaient-elles pu participer ou fermer les yeux sur un tel supplice ?
Un Héritage de Terreur et de Réflexion
Le meurtre de Sylvia Likens est aujourd’hui considéré comme l’un des pires cas de maltraitance infantile de l’histoire américaine. Son calvaire a inspiré plusieurs œuvres, notamment le roman Jack Ketchum’s The Girl Next Door et son adaptation cinématographique (An American Crime en 2007).
L’affaire a également contribué à l’évolution des lois sur la protection de l’enfance aux États-Unis.
Jenny Likens, marquée à jamais par cette tragédie, trouva un certain réconfort en voyant Gertrude enfermée, mais elle déclara : « Sylvia est libre maintenant. »
Le souvenir de Sylvia Likens hante encore l’histoire criminelle, nous rappelant la cruauté dont l’être humain peut être capable, mais aussi l’importance d’une vigilance collective face aux signes de maltraitance.
🔗 En mémoire de Sylvia, que son histoire serve de leçon pour que jamais de telles horreurs ne se reproduisent.