L’histoire de la religion est riche en évolutions, réformes et révolutions spirituelles. Parmi ces révolutions, la réforme religieuse introduite par Akhenaton en Égypte ancienne et la naissance des religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam) constituent des événements majeurs ayant marqué des tournants décisifs dans la manière dont les civilisations appréhendent le divin. Sigmund Freud, père de la psychanalyse, a abordé ces sujets dans ses travaux, notamment dans « Moïse et le monothéisme ». Cet essai se propose d’explorer les similitudes entre la religion d’Aton instaurée par Akhenaton et les religions abrahamiques, en se basant sur les analyses de Freud.
La Réforme d’Akhenaton et la Religion d’Aton
Au XIVe siècle avant notre ère, le pharaon Akhenaton initie une réforme radicale en Égypte, remplaçant le panthéon polythéiste traditionnel par le culte exclusif d’Aton, le dieu solaire. Ce mouvement vers le monothéisme représente une rupture significative avec les pratiques religieuses antérieures. Akhenaton prône l’adoration d’Aton comme le seul dieu créateur, symbolisé par le disque solaire. Cette réforme est marquée par la construction de la nouvelle capitale, Akhetaton (l’actuelle Amarna), et par des hymnes dédiés à Aton, exprimant une spiritualité centrée sur la lumière et la vie.
Les Religions Abrahamiques
Les religions abrahamiques – judaïsme, christianisme et islam – partagent une croyance fondamentale en un Dieu unique et transcendant. Ces religions sont issues de la tradition d’Abraham et se caractérisent par une série de révélations divines, de textes sacrés et de figures prophétiques. Le judaïsme, le plus ancien des trois, introduit l’idée d’un Dieu unique et moral, concept central qui se perpétue dans le christianisme et l’islam, chacune de ces religions apportant ses propres écritures et prophètes tout en conservant la croyance monothéiste.
Similitudes entre la Religion d’Aton et les Religions Abrahamiques
Freud, dans « Moïse et le monothéisme », suggère que la réforme d’Akhenaton pourrait avoir influencé le développement ultérieur du monothéisme, notamment dans le judaïsme. Voici quelques similitudes notables :
- Monothéisme Strict : Tout comme la religion d’Aton, les religions abrahamiques insistent sur l’adoration d’un Dieu unique, rejetant le polythéisme. Akhenaton proclame Aton comme l’unique source de vie et de lumière, similaire à la manière dont Yahvé, Dieu et Allah sont perçus comme les créateurs omnipotents dans les traditions abrahamiques.
- Rupture avec la Tradition : Akhenaton rompt avec des siècles de tradition religieuse en Égypte, tout comme Abraham rompt avec les pratiques idolâtres de son temps pour suivre Yahvé. Cette rupture est également visible dans le christianisme, qui se détache du judaïsme, et dans l’islam, qui se pose en correction des deux religions précédentes.
- Vision Morale et Éthique : Les hymnes à Aton attribuent au dieu solaire une bienveillance et une justice qui préfigurent les concepts moraux présents dans les religions abrahamiques. Cette focalisation sur une divinité juste et bienveillante se retrouve dans les commandements mosaïques, les enseignements de Jésus et les prescriptions coraniques.
- Centralisation du Culte : Akhenaton centralise le culte à Akhetaton, tout comme Jérusalem devient centrale pour le judaïsme, et plus tard, La Mecque pour l’islam. Cette centralisation reflète un désir de concentrer la pratique religieuse autour d’un lieu sacré unique.
L’Analyse de Freud
Freud postule que Moïse, figure centrale du judaïsme, aurait pu être influencé par la réforme d’Akhenaton. Il va jusqu’à suggérer que Moïse lui-même aurait été un prêtre égyptien adepte du culte d’Aton, ce qui expliquerait la transition vers le monothéisme hébraïque. Cette théorie, bien que controversée, souligne des parallèles intrigants entre les deux systèmes religieux.
Conclusion
La comparaison entre la religion d’Aton et les religions abrahamiques révèle des similitudes frappantes, allant du monothéisme strict à la centralisation du culte et à une vision morale du divin. Les études de Freud offrent une perspective intéressante sur les influences possibles entre ces traditions religieuses. Bien que les preuves historiques directes manquent pour confirmer l’influence d’Akhenaton sur Moïse, l’idée que des courants de pensée monothéiste aient pu se transmettre et évoluer au fil du temps demeure fascinante et mérite une exploration continue.