L’épidémie de variole du singe (Monkeypox), apparue de manière notable à partir de 2022, a rapidement éveillé les craintes et suscité des théories du complot à travers le monde. Face à cette nouvelle crise sanitaire, certaines franges de la population, déjà sensibilisées aux doutes entourant la pandémie de COVID-19, ont vu dans la variole du singe un nouveau sujet de spéculation. Cet article explore les principales théories du complot liées à cette épidémie, en examinant leur origine, leur diffusion et les enjeux qu’elles soulèvent dans le contexte sociopolitique actuel.
1. Origines de la variole du singe : une épidémie naturelle ou fabriquée ?
L’une des théories les plus récurrentes concernant la variole du singe est qu’elle aurait été délibérément créée ou manipulée en laboratoire. Cette idée repose sur la méfiance croissante envers les institutions scientifiques et les gouvernements depuis la pandémie de COVID-19. Les adeptes de cette théorie affirment que, tout comme pour le SARS-CoV-2, la variole du singe aurait été conçue dans un laboratoire afin de servir des intérêts obscurs, comme la domination mondiale ou la réduction de la population.
Certains partisans avancent l’hypothèse que le virus aurait été modifié génétiquement pour devenir plus transmissible entre humains, évoquant des expériences similaires menées dans des laboratoires de virologie à travers le monde. Cette théorie trouve souvent des échos dans les milieux conspirationnistes déjà méfiants à l’égard de l’ingénierie biologique. La variole du singe, étant historiquement limitée à certaines régions d’Afrique, aurait, selon ces voix, subi des manipulations pour se propager à l’échelle mondiale.
2. Une arme biologique pour imposer des politiques autoritaires
Dans le prolongement de la première théorie, certains conspirationnistes voient dans l’épidémie de variole du singe une tentative orchestrée par les gouvernements et les élites mondiales pour imposer de nouvelles mesures de contrôle sur la population. Cette idée résonne particulièrement chez ceux qui estiment que la gestion de la pandémie de COVID-19, avec ses confinements, ses passeports vaccinaux et ses mesures de distanciation sociale, était une manière de tester la soumission des citoyens.
Selon cette théorie, la variole du singe ne serait qu’une nouvelle « crise fabriquée » destinée à prolonger ou renforcer ces politiques coercitives. Pour ces théoriciens du complot, il s’agirait d’un prétexte permettant aux États de maintenir un état d’urgence permanent, tout en réduisant les libertés individuelles. Cette narration rejoint celle du « Great Reset », un concept popularisé par des figures conspirationnistes affirmant que les élites mondiales orchestrent des crises pour réinitialiser l’économie mondiale et remodeler les sociétés selon leurs intérêts.
3. Le rôle des vaccins : une réédition des controverses autour du COVID-19
Les vaccins, de manière prévisible, jouent également un rôle central dans les théories du complot concernant la variole du singe. Certains prétendent que l’épidémie aurait été encouragée ou amplifiée pour justifier la mise en place de nouvelles campagnes vaccinales, alimentant ainsi l’industrie pharmaceutique. Cette théorie s’appuie sur la méfiance généralisée qui entoure les laboratoires pharmaceutiques depuis les débuts de la pandémie de COVID-19, où des vaccins ont été développés en un temps record.
Les vaccins contre la variole du singe, initialement prévus pour des groupes à risque dans les pays touchés, ont rapidement été perçus par certains conspirationnistes comme une tentative de puçage ou de contrôle biologique des populations. Ce genre de discours a été particulièrement relayé sur les réseaux sociaux, où les doutes concernant l’innocuité des vaccins étaient déjà bien ancrés, nourrissant une méfiance grandissante envers les campagnes de vaccination, quels que soient les contextes épidémiologiques.
4. Une épidémie au service des intérêts financiers
Une autre théorie largement diffusée concerne les bénéfices financiers supposés que l’épidémie aurait générés pour certaines multinationales ou élites économiques. Les figures du monde économique, telles que Bill Gates, sont fréquemment accusées d’avoir prédit, sinon contribué, à la propagation de la variole du singe, tout comme elles l’ont été pour la COVID-19. Ces théoriciens pointent souvent des financements accordés à des initiatives de santé mondiale ou à des laboratoires de recherche, les interprétant comme des signes d’une complicité active dans la diffusion du virus.
Les entreprises pharmaceutiques, déjà accusées d’avoir tiré profit de la pandémie de COVID-19, sont ici aussi mises en cause. Les théoriciens affirment que la demande soudaine de vaccins et de traitements pour lutter contre la variole du singe n’est pas un hasard, mais un coup monté visant à remplir les poches des dirigeants d’entreprises du secteur médical. Pour certains, il s’agit de la continuité logique d’un capitalisme néolibéral où la santé publique est exploitée pour générer des profits.
5. Une couverture médiatique exagérée pour détourner l’attention
Enfin, certains théoriciens avancent que la couverture médiatique de la variole du singe aurait été exagérément alarmiste pour détourner l’attention d’autres problèmes mondiaux plus pressants, qu’il s’agisse de crises économiques, de conflits géopolitiques ou d’instabilités sociales. Pour ces adeptes, l’épidémie serait un « écran de fumée » permettant de camoufler des événements critiques ou des prises de décisions gouvernementales qui passeraient inaperçues dans l’ombre de l’actualité sanitaire.
Cette théorie rejoint une vision plus large de la manipulation des médias, perçus comme des instruments au service des élites pour influencer les opinions publiques. La couverture massive des cas de variole du singe dans certaines régions du monde, couplée à l’augmentation des restrictions et des mesures sanitaires, est perçue par ces groupes comme une stratégie de diversion bien orchestrée.
Conclusion : un contexte de méfiance globale
Les théories du complot entourant la variole du singe s’inscrivent dans un climat global de méfiance vis-à-vis des gouvernements, des institutions scientifiques et des médias. Ce phénomène, accentué par la crise du COVID-19, reflète une angoisse croissante quant à la capacité des autorités à gérer les crises sanitaires et à protéger les populations. Ces théories, bien que souvent dénuées de preuves tangibles, se nourrissent de peurs légitimes face à une mondialisation perçue comme incontrôlable et à une perception croissante des inégalités sociales et économiques.
Il est crucial de souligner que ces théories, bien qu’intéressantes d’un point de vue sociologique, risquent d’entraver les efforts de santé publique et de nuire à la lutte contre des épidémies réelles. Elles accentuent la désinformation et renforcent les divisions au sein des sociétés, rendant la réponse à ces crises encore plus complexe.
Dans un monde où l’information circule à une vitesse vertigineuse, il est essentiel d’encourager une pensée critique tout en vérifiant la véracité des sources. La montée en puissance des théories du complot est le signe que la confiance envers les institutions est à reconstruire, et que les enjeux du XXIe siècle, qu’ils soient sanitaires ou politiques, devront être abordés avec plus de transparence et de pédagogie.