Le 1er janvier 1975, la petite ville de Copper, nichée dans les montagnes de l’Oregon, s’apprêtait à tourner la page d’une nouvelle année. Mais pour les habitants de cette région paisible, ce jour marquerait le début d’un cauchemar sans fin : la mystérieuse disparition, puis le meurtre brutal, de la famille Cowden.
Ce drame, survenu dans les forêts denses de la Rogue River, demeure l’un des crimes les plus troublants et inexpliqués de l’histoire criminelle américaine.
Une famille ordinaire partie camper
Richard Cowden, 28 ans, sa femme Belinda, 22 ans, et leurs deux enfants, David (5 ans) et Melissa (5 mois), étaient considérés comme une famille modèle. Richard travaillait comme conducteur de laitier et aimait la vie au grand air. Le week-end du 30 août 1974, ils décidèrent de camper non loin de la petite rivière Carberry Creek, à une dizaine de kilomètres de la ville de Copper.
Ce devait être une escapade tranquille, loin du tumulte quotidien.
Le samedi matin, les Cowden furent vus pour la dernière fois au Copper General Store. Richard y acheta du lait et des boissons. Le commerçant remarqua que toute la famille semblait de bonne humeur. Ils quittèrent le magasin vers 9h du matin pour regagner leur campement.
Ce fut la dernière fois que quelqu’un les vit vivants.
Une disparition inquiétante
Le soir du 1er septembre, quand Richard ne se présenta pas à son travail, son employeur s’inquiéta et alerta les autorités. Les policiers, accompagnés de volontaires, se rendirent rapidement sur le lieu de camping.
Ce qu’ils découvrirent glaça le sang :
- La camionnette familiale était toujours garée près de la rivière.
- Les tentes étaient montées, les vêtements soigneusement pliés.
- La vaisselle était sur la table de pique-nique, avec du lait et des restes de repas encore présents.
- La montre de Richard, son portefeuille et la bourse de Belinda n’avaient pas disparu.
Rien n’indiquait une fuite ou un départ précipité.
Les seuls indices : le lait acheté plus tôt dans la matinée trônait encore sur la table de camping, partiellement entamé. On aurait dit que la famille s’était simplement volatilisée, au milieu du petit-déjeuner.
Des recherches massives, sans résultat
Pendant des semaines, des équipes de rangers, de volontaires et de chiens pisteurs fouillèrent les collines, les ravins et les sentiers environnants. Des hélicoptères survolèrent la zone.
Aucune trace. Pas même un vêtement, pas un pas dans la boue.
L’hiver vint recouvrir la forêt de neige, et l’affaire sembla s’éteindre. Mais neuf mois plus tard, le 12 avril 1975, un prospecteur découvrit quelque chose d’horrible à environ 11 kilomètres du campement initial.
Une découverte macabre
Au fond d’un ravin boisé, sous un amas de broussailles, se trouvaient les restes des Cowden.
- Richard et David gisaient côte à côte, criblés de balles de calibre .22.
- Belinda et la petite Melissa avaient été dissimulées à quelques mètres, dans une petite grotte naturelle.
Belinda avait été ligotée et battue.
Melissa, encore emmaillotée, semblait avoir été tuée à bout portant.
Les enquêteurs eurent du mal à déterminer la date exacte du meurtre, mais tout indiquait qu’il avait eu lieu le jour même de leur disparition.
L’ombre d’un suspect : Dwain Lee Little
Un nom surgit rapidement : Dwain Lee Little, un jeune homme de 25 ans récemment libéré sur parole après avoir purgé une peine pour meurtre. En 1964, alors âgé de 15 ans, il avait violé et assassiné une adolescente de 16 ans, Orla Fay Taylor.
Libéré en 1974, il vivait non loin de la région du crime et avait été vu le jour de la disparition des Cowden.
Des témoins affirmèrent l’avoir aperçu près du site de camping, et son véhicule avait été observé sur la route menant à Carberry Creek.
Sa mère, interrogée plus tard, confirma qu’il était rentré ce jour-là couvert de sang.
Pourtant, malgré ces éléments, aucune preuve matérielle ne permit de l’inculper.
Une affaire jamais résolue
Les autorités restèrent convaincues que Little était le meurtrier, mais sans empreintes, sans ADN exploitable et avec un corps resté des mois en forêt, le dossier resta fragile.
En 1975, Little fut de nouveau arrêté pour viol, ce qui renforça les soupçons pesant sur lui. Il mourut en prison, sans jamais avoir reconnu l’assassinat des Cowden.
Jusqu’à aujourd’hui, le mystère persiste :
Pourquoi s’en être pris à une famille sans histoire ?
Pourquoi enterrer les corps de manière aussi macabre ?
Et surtout, que s’est-il passé entre le petit-déjeuner interrompu et le dernier cri perdu dans les bois ?
Épilogue d’une tragédie
Le campement des Cowden a depuis été englouti par la végétation.
Les habitants de Copper évoquent parfois le lieu à voix basse, parlant d’une atmosphère étrange, d’un silence pesant. Certains randonneurs disent avoir entendu des pleurs d’enfant au bord de la rivière Carberry, là où tout s’est arrêté.
Le meurtre de la famille Cowden reste un symbole cruel de la vulnérabilité humaine face au hasard du mal. Une tragédie où la forêt semble avoir gardé, pour toujours, le secret de ce qui s’est réellement passé ce matin-là.
