Share

Jack Unterweger : L’écrivain aux mains pleines de sang

Par hollowsoul · 7 juillet 2025

Quand la littérature masque l’horreur, et que la rédemption devient un leurre sanglant.

Le monstre cultivé

Jack Unterweger incarne une contradiction glaçante : celle d’un homme qui manie aussi bien la plume que la corde pour étrangler ses victimes. Né le 16 août 1950 à Judenburg, en Autriche, il grandit dans un contexte de marginalité, entre délinquance juvénile et fréquentations troubles. Sa mère, prostituée, est absente. Le père, un soldat américain inconnu, ne fait pas partie du tableau. À peine adulte, Jack sombre dans les bas-fonds du crime.

Mais c’est en 1974 que le monstre se révèle pleinement : il est condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre d’une jeune femme, Margaret Schäfer, étranglée avec son propre soutien-gorge. Pourtant, c’est en prison que commence une étrange mue.

Le prodige carcéral

Durant ses années d’enfermement, Unterweger découvre l’écriture. Il noircit des pages de poèmes, d’autobiographie, de pièces de théâtre et même de contes pour enfants. Son ouvrage « Feu et flamme » (Fegefeuer ou Purgatoire), publié en 1983, séduit les milieux intellectuels autrichiens. Le miracle semble opérer : le prisonnier devient écrivain, poète et penseur. Son histoire est portée en exemple de réinsertion réussie.

Parmi les figures qui militent pour sa libération, on compte des journalistes, des professeurs, et même Elfriede Jelinek, future prix Nobel de littérature. Sous cette pression médiatique, Jack Unterweger est libéré en 1990, après avoir purgé seulement 15 ans de peine.

Erreur fatale.

Le retour du tueur

À peine sorti, Jack devient une célébrité dans les salons littéraires. Il est invité à la télévision, interviewé dans les écoles, et même engagé pour écrire des articles sur les meurtres de prostituées dans Vienne. Ironie noire : il enquête sur ses propres crimes.

Entre 1990 et 1992, des femmes disparaissent. On les retrouve mortes, étranglées avec leurs sous-vêtements, dans des mises en scène rappelant cruellement son premier meurtre. Il voyage beaucoup — Prague, Los Angeles, Graz, Vienne — et partout, le schéma se répète. Le tueur agit avec un soin morbide, et semble narguer les autorités.

Mais cette fois, la police commence à remarquer un terrifiant fil rouge : Jack Unterweger est toujours dans les environs des meurtres. Il a laissé derrière lui un sillage de cadavres, des prostituées étranglées avec leur lingerie, dans au moins trois pays différents.

La chute du charmeur

Arrêté en 1992 à Miami, après une cavale avec sa compagne, il est extradé vers l’Autriche. Son procès, très médiatisé, révèle l’étendue de sa duplicité. En 1994, il est reconnu coupable de 11 meurtres, bien que certains spécialistes soupçonnent un nombre bien plus élevé.

Le verdict tombe : réclusion criminelle à perpétuité. Mais Jack Unterweger ne l’entendra pas de cette oreille. Le 29 juin 1994, quelques heures après sa condamnation, il se pend dans sa cellule avec la ceinture de son pantalon et les lacets de ses chaussures. Détail sordide : le nœud employé pour se pendre était le même que celui utilisé pour étrangler ses victimes. Une dernière signature, froide et théâtrale.

Le crime sous masque littéraire

Jack Unterweger reste aujourd’hui une énigme terrifiante : comment un homme aussi cultivé, charmant et médiatisé a-t-il pu commettre de tels actes ? Sa trajectoire soulève des questions glaçantes : un sociopathe peut-il vraiment changer ? Et à quel point la société veut-elle croire à la rédemption, même quand elle coûte des vies ?

Certains psychiatres ont évoqué un narcissisme criminel exacerbé, d’autres une manipulation magistrale du système judiciaire et médiatique. Car Jack ne tuait pas par pulsion aveugle — il agissait avec méthode, stratégie, comme s’il écrivait un roman où chaque femme assassinée n’était qu’un personnage sacrifié.

Il a réussi à tromper des intellectuels, des juges, des journalistes… et le public. Ce tueur n’a pas tué depuis l’ombre : il a agi à la lumière des projecteurs, en pleine gloire, avec une assurance qui donne froid dans le dos.

📌 À retenir :

  • Jack Unterweger a tué au moins 11 femmes, après avoir été libéré pour bonne conduite.
  • Il est devenu un écrivain reconnu, symbolisant à tort une réhabilitation réussie.
  • Il a utilisé sa notoriété et sa plume pour dissimuler ses crimes et manipuler l’opinion.
  • Son suicide final ressemble plus à une ultime mise en scène qu’à un acte de remords.

👁️ Et si… ?

Sous le masque de la culture et du raffinement, peut se cacher le pire des monstres. L’histoire de Jack Unterweger nous rappelle que certains tueurs ne se terrent pas dans l’ombre… mais brillent sous les feux de la rampe. Et que parfois, la littérature ne sauve pas l’âme, elle la travestit.

Souhaitez-vous que je prépare une version mise en page avec image pour publication directe sur Mysterium Incognita ?

Vous pourriez aussi aimer