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Le massacre de la famille Miyazawa — le mystère du Nouvel An sanglant de Setagaya

Par hollowsoul · 20 novembre 2025

Le 31 décembre 2000, le Japon découvre l’un des crimes les plus choquants et énigmatiques de son histoire moderne : le meurtre brutal de la famille Miyazawa.
À Kamisoshigaya, dans le paisible quartier de Setagaya, à Tokyo, quatre vies s’éteignent dans une nuit d’horreur. Malgré plus de vingt ans d’enquête, le mystère demeure entier, et l’identité du tueur reste inconnue.


Une découverte macabre

Au matin du 31 décembre 2000, Haruko, la mère de Yasuko Miyazawa, se rend au domicile familial après être restée sans nouvelles de sa fille. En entrant dans la maison, elle découvre l’impensable : son gendre Mikio, sa fille Yasuko, et ses deux petits-enfants, Niina (8 ans) et Rei (6 ans), sont morts.
Les constatations médico-légales révèlent que Mikio, Yasuko et Niina ont été poignardés, tandis que le petit Rei a été étranglé dans son sommeil.

Le drame s’est déroulé dans la nuit du 30 au 31 décembre, probablement autour de minuit. Le meurtrier s’est introduit dans la maison par la fenêtre de la salle de bain du deuxième étage, donnant sur un petit parc public. La moustiquaire a été arrachée, et des traces d’escalade ont été relevées sur le mur.


Un tueur resté dans la maison

Les policiers découvrent rapidement des détails qui glacent le sang : après le massacre, le tueur est resté plusieurs heures dans la maison.
Il a mangé des glaces, bu du thé et du jus de melon, utilisé les toilettes sans tirer la chasse, consulté l’ordinateur familial, et s’est même soigné avec des pansements pris sur place.
Ce comportement — à la fois froid, désinvolte et intime — donne à l’affaire une dimension terrifiante : celle d’un intrus qui s’installe dans la vie de ses victimes, comme si rien ne s’était passé.


Une scène de crime saturée d’indices

Les enquêteurs découvrent sur place une abondance d’éléments : un couteau à sashimi cassé, des vêtements abandonnés (veste, chapeau, sac banane), des traces de sang, et de nombreuses empreintes digitales.
Des analyses ADN sont effectuées sur plusieurs objets : elles révèlent un profil masculin, ne correspondant à aucun individu enregistré dans les bases japonaises.

Le sable trouvé dans le sac du tueur provient d’un mélange de zones désertiques et de lieux côtiers spécifiques, ce qui intrigue les géologues. Les vêtements abandonnés, eux, proviennent de marques distribuées en Corée du Sud et dans quelques magasins japonais seulement.
Ces éléments nourrissent l’idée d’un tueur étranger, peut-être coréen ou ayant voyagé récemment à l’étranger.


Les dernières heures des Miyazawa

Selon la reconstitution policière, Mikio aurait été la première victime. Alerté par un bruit à l’étage, il monte l’escalier et affronte le tueur, probablement déjà armé du couteau. La lutte est violente. Mikio est poignardé à plusieurs reprises, puis jeté au bas de l’escalier.
Yasuko et sa fille Niina tentent alors de fuir, mais sont rattrapées et tuées à leur tour.
Le petit Rei, endormi dans sa chambre, meurt par strangulation, peut-être avant même d’avoir conscience de ce qui se passait.

Le tueur, blessé durant l’affrontement (du sang étranger à la famille a été retrouvé), s’est ensuite installé dans la maison, fouillant, mangeant, et effaçant partiellement ses traces avant de disparaître au petit matin.


Hypothèses et pistes explorées

Au fil des années, les enquêteurs ont exploré une multitude de pistes :

  • Un cambrioleur isolé, surpris par la famille, qui aurait perdu le contrôle.
  • Un jeune homme marginal, passionné de skateboard (les semelles de ses chaussures correspondaient à un modèle populaire dans ce milieu).
  • Un étranger de passage, sans lien avec le Japon, ce qui expliquerait l’absence de correspondance ADN.
  • Un tueur psychologiquement instable, qui aurait trouvé un sentiment de calme dans la maison après le meurtre, d’où son comportement étrange.

Aucune de ces hypothèses n’a abouti. Les vêtements abandonnés, le couteau, le sac et l’ADN n’ont jamais permis d’identifier un suspect précis.


L’enquête la plus vaste du Japon moderne

L’affaire Miyazawa est devenue la plus grande enquête criminelle jamais menée au Japon.
Des milliers d’enquêteurs se sont succédé, interrogeant plus de 270 000 personnes et vérifiant des centaines de milliers d’achats de vêtements similaires à ceux du tueur.
Malgré cela, aucun suspect n’a été arrêté. L’ADN, bien que conservé, n’a jamais donné de correspondance — ni au Japon, ni à l’étranger.

Les progrès récents de la génétique et la montée de la « généalogie ADN » ont donné de nouveaux espoirs. Les autorités japonaises continuent d’analyser les données et de faire appel à la population. Une récompense est toujours offerte pour toute information menant à la résolution de l’affaire.


Une cicatrice nationale

Le massacre de la famille Miyazawa a profondément marqué la société japonaise.
Il a soulevé des questions sur la sécurité domestique, la surveillance des quartiers résidentiels, mais aussi sur la gestion des enquêtes non résolues.
Sous la pression des familles de victimes, les délais de prescription pour les crimes de meurtre ont été supprimés au Japon en 2010, garantissant que cette affaire ne serait jamais abandonnée.

Chaque année, à la date du drame, des habitants viennent déposer des fleurs devant la maison, aujourd’hui abandonnée mais toujours debout — figée dans le temps, témoin silencieux d’une nuit d’horreur que personne n’a oubliée.


Un mystère persistant

Pourquoi un tueur aussi imprudent, laissant autant de traces, n’a-t-il jamais été retrouvé ?
L’absence de correspondance ADN, l’hypothèse d’un étranger de passage, ou la possible destruction d’éléments de preuve clés pourraient expliquer cette impasse.
Mais tant que l’identité de l’homme qui a mis fin à la vie des Miyazawa ne sera pas connue, cette affaire restera une plaie ouverte dans la mémoire du Japon.

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