La combustion spontanée est un phénomène intrigant et controversé qui défie les lois de la physique et suscite un vif intérêt depuis des siècles. Ce phénomène, qui se caractérise par l’embrasement inexplicable du corps humain sans source externe identifiable, a donné lieu à de nombreuses théories et à des débats passionnés parmi les scientifiques, les sceptiques et les amateurs de paranormal. Cet article se propose d’examiner les faits, les hypothèses et les études relatives à la combustion spontanée pour tenter de démêler le mythe de la réalité.

Les Premiers Cas Documentés

Les récits de combustion spontanée remontent à plusieurs siècles. L’un des premiers cas bien documentés est celui de la Comtesse Cornelia Zangari Bandi de Cesena, en Italie, en 1731. La Comtesse fut retrouvée en cendres dans sa chambre, avec seulement ses jambes et une partie de sa tête intactes. L’environnement autour d’elle montrait peu de signes de combustion, ce qui ajouta au mystère.

1. Le Cas de Mary Reeser

Le 2 juillet 1951, Mary Reeser, une veuve de 67 ans, fut retrouvée réduite en cendres dans son appartement de St. Petersburg, en Floride. La scène était étrange : son fauteuil était partiellement brûlé, mais le reste de la pièce était presque intact. Les seules parties de son corps qui n’avaient pas brûlé étaient son pied gauche, toujours chaussé d’un chausson, et une partie de son crâne. Les enquêteurs furent perplexes face à cette destruction quasi complète du corps humain sans endommager sérieusement l’environnement immédiat.

Enquête et Théories

Les enquêteurs ont envisagé diverses explications, notamment la possibilité qu’elle ait accidentellement mis le feu à ses vêtements avec une cigarette. La théorie de la mèche a été avancée pour expliquer comment le corps aurait pu brûler lentement et intensément sans provoquer un incendie généralisé.

2. Le Cas de John Irving Bentley

Le Dr. John Irving Bentley, un médecin de 92 ans de Pennsylvanie, fut retrouvé en décembre 1966 dans son domicile réduit en cendres, à l’exception de sa jambe droite et de son pied encore chaussé d’une pantoufle. La destruction de son corps était complète, mais la salle de bain où il fut trouvé n’avait subi que des dommages mineurs : un trou de quelques centimètres dans le sol et un léger noircissement des murs et des objets environnants.

Enquête et Théories

L’origine du feu reste un mystère. Les experts ont supposé qu’une cigarette ou une étincelle provenant d’un appareil électrique aurait pu enflammer ses vêtements. Là encore, la théorie de la mèche a été suggérée comme explication plausible, mais aucune preuve concrète n’a pu confirmer cette hypothèse.

3. Le Cas de George Mott

George Mott, un ancien pompier de 58 ans vivant à Crown Point, New York, fut retrouvé mort en mars 1986, réduit en cendres dans son lit. Les restes de son corps étaient calcinés, à l’exception de son crâne et d’une partie de sa cage thoracique. Son appartement ne présentait pas de signes d’incendie majeur, à part quelques objets noircis et la literie partiellement brûlée.

Enquête et Théories

Les enquêteurs n’ont pas pu déterminer la source de l’embrasement. La théorie la plus plausible est que Mott, qui utilisait un masque à oxygène pour dormir, aurait pu être victime d’un incident lié à une étincelle électrique. Cependant, le niveau de destruction de son corps reste difficile à expliquer sans recourir à la théorie de la mèche.

4. Le Cas de Jeannie Saffin

En 1982, Jeannie Saffin, une femme de 61 ans souffrant de troubles mentaux, fut retrouvée en feu dans la cuisine de sa maison à Edmonton, Londres. Selon les témoins, les flammes semblaient jaillir de son abdomen, et elle fut rapidement réduite en cendres. Les meubles environnants n’étaient que légèrement endommagés, et il n’y avait aucune trace d’une source de feu évidente.

Enquête et Théories

La combustion spontanée fut évoquée par les témoins et la famille, mais les enquêteurs restèrent sceptiques, suggérant qu’une étincelle provenant d’une cuisinière ou d’une allumette pourrait être responsable. Cependant, la nature exacte de l’embrasement reste inexpliquée.

5. Le Cas de Michael Faherty

En décembre 2010, Michael Faherty, un homme de 76 ans vivant en Irlande, fut retrouvé mort dans sa maison, son corps en grande partie consumé par les flammes. Les enquêteurs conclurent que Faherty était victime de combustion humaine spontanée, une rare décision officiellement reconnue par le coroner.

Enquête et Théories

Le coroner, Ciaran McLoughlin, déclara que la combustion spontanée était la seule explication plausible, notant l’absence de toute source d’inflammation externe et les dommages limités aux alentours du corps. Cette reconnaissance officielle donna un poids particulier à ce cas, relançant les débats sur la possibilité réelle de la combustion humaine spontanée.

Hypothèses et Théories

La Théorie de la Mèche

L’une des explications les plus couramment acceptées par les scientifiques est la théorie de la mèche. Selon cette hypothèse, le corps humain agit comme une « mèche » tandis que les vêtements ou une autre source de graisse corporelle servent de « carburant ». Une petite flamme initiale, comme celle d’une cigarette, peut enflammer les vêtements ou les cheveux, et la graisse corporelle, particulièrement en cas d’obésité, alimente alors une combustion lente mais intense, semblable à celle d’une bougie.

L’Autocombustion Chimique

Certains scientifiques ont également proposé que des réactions chimiques internes pourraient déclencher une combustion spontanée. Par exemple, la production de méthane dans les intestins et son accumulation dans le corps pourrait, en présence d’une enzyme catalytique appropriée, conduire à une réaction exothermique. Cependant, cette théorie reste hautement spéculative et n’a pas été prouvée de manière concluante.

Facteurs Électromagnétiques et Psychiques

Une autre hypothèse explore l’idée que des facteurs électromagnétiques pourraient jouer un rôle. Certains chercheurs suggèrent que des champs électromagnétiques intenses ou des perturbations géomagnétiques pourraient déclencher des combustions internes. Par ailleurs, des théories plus ésotériques évoquent des causes psychiques, telles que le stress intense ou des états émotionnels extrêmes, qui pourraient déclencher des réactions biochimiques conduisant à la combustion.

Les Critiques et les Sceptiques

Les sceptiques pointent du doigt le manque de preuves solides et le fait que la plupart des cas de combustion spontanée humaine se produisent dans des contextes où des sources externes d’incendie pourraient facilement être impliquées. Ils soulignent également que les corps humains, riches en eau, sont généralement difficiles à brûler complètement sans une source de chaleur externe extrêmement élevée et prolongée.

Études et Enquêtes Modernes

Des enquêtes modernes sur la combustion spontanée humaine ont utilisé des techniques forensiques avancées pour analyser les restes des victimes. Ces études ont souvent conclu que des sources externes de feu, bien que subtiles, étaient présentes dans presque tous les cas. Par exemple, des cigarettes non éteintes, des bougies, ou des appareils électriques défectueux ont été impliqués.

En 1998, un article publié dans le « Journal of Forensic Sciences » par le Dr. John DeHaan, un expert en incendie criminel, démontra que les conditions de la théorie de la mèche peuvent effectivement reproduire les résultats observés dans des cas de combustion spontanée. Il brûla un cadavre de cochon enveloppé dans une couverture imbibée de solvants inflammables, montrant que le corps pouvait brûler de manière similaire à ce qui est observé dans des cas présumés de combustion spontanée.

Conclusion

La combustion spontanée humaine demeure un phénomène enveloppé de mystère, mêlant faits réels et mythes. Bien que la théorie de la mèche offre une explication scientifique plausible pour de nombreux cas, il reste des aspects inexpliqués qui continuent de fasciner et de troubler. En l’absence de preuves concluantes, la combustion spontanée reste une zone grise de la science, oscillant entre le paranormal et le méconnu. Le débat est loin d’être clos, et chaque nouveau cas ne fait que raviver l’intérêt pour ce mystère séculaire. Pour les passionnés de l’inexpliqué, la combustion spontanée humaine continue de représenter une énigme captivante, à la frontière de notre compréhension des phénomènes naturels et surnaturels.